Avec Céline, Idir, Kévin, Kamel, Philibert et Cédric.
Photos: Patricia Baud
Pour la quatrième fois en deux ans, voici l’épreuve des mots après celle des corps et des esprits bourlingués par la confrontation au réel hostile du Sahara. Si les trois autres groupes de jeunes m’avaient raconté leur voyage avant de l’immortaliser par l’écriture, celui-ci n’a pas eu ce travail narratif à faire. Cette fois-ci, j’étais présent au sein de la caravane chamelière durant quarante jours, du Ténéré au village d’Iférouane, en passant par les Tamgak, dans le massif de l’Aïr, au cœur du Sahara.
Tout le long d’un voyage surprenant, j’ai vécu à côté de ces jeunes,nous avons parfois souffert de la soif, de la chaleur et de la fatigue ensemble, nous avons aussi échangé, parlé, ri ensemble. Alors, ce travail d’écriture s’est réalisé à partir de nos souvenirs communs, de notre connaissance réciproque, de questionnements concernant la vie des nomades. Les jeunes ont évoqué l’accueil reçu dans les familles, leur séjour dans les campements pendant quatre semaines.
Pour pénétrer dans le récit, pour retrouver les sensations, les peurs, les espérances, le groupe a disposé de quelques images de la photographe Patricia Baud ayant assumé le reportage photographique du voyage. L’image a servi de déclic pour retrouver des sentis, recouvrer l’essentiel des réflexions, des émotions.
Pour l’ensemble des jeunes, ce trimestre passé en terre inconnue a constitué une réelle épreuve, une initiation, une confrontation à la nature et à la différence. Alors, à l’heure de l’écriture, les mots spontanés résumant ce vécu peu ordinaire se ressemblent parfois dans le registre réactif : galère, misère, courage, haine, chaleur, ennui, fatigue, nourriture minimale et répétitive, stress, angoisse de ne pas réussir, fierté partagée… Plus au fond des choses, d’autres idées émergent, comme l’importance de penser à soi, à sa vie, au milieu du désert, de tenter d’y voir clair sur une trajectoire de vie souvent subie sans vrai recul. La découverte d’une nature sauvegardée constitue également un point fort. La vie nomade est aussi un élément de surprise, un vrai choc.
Les textes qui suivent recomposent des vécus, s’arrêtent sur des moments, sur des hommes et des femmes rencontrés. Des bribes de vie, des instants éphémères renaissent sur le papier, des ambiances se donnent à voir, quelques réflexions apparaissent. L’essentiel de ce qui reste gravé dans les esprits s’inscrit dans le dit, dans les non-dits suggérés également…
Laissez-vous conduire par tous ces textes écrits par des jeunes souvent fâchés avec la langue, la syntaxe, l’écriture, souvent lâchés depuis longtemps par le système scolaire.
Je crois qu’ils garderont l’émotion intacte et les questions ouvertes sur leur propre existence. L’essentiel. . .