Bachar, le visiteur venu du Sud
Une matinée éclairée de blanc, l’homme bleu nous regardait, attentionné, posé. Il était venu d’ailleurs, loin, si loin de ses dunes, et moi je voyais le Bachar des légendes adolescentes, comme un rocher attentif au monde qui l’entourait.
Il découvrait un bout de France, et moi de Ténéré.
Il avait suivi ceux qu’il avait guidé et, dans la réciprocité, ils étaient fiers de lui montrer ce qu’il découvrait ici, un peu ahuri, surpris. Pourtant, ses yeux semblaient suivre la ligne des crêtes des dunes, abritées du vent.
Ses pensées cheminaient vers celle qu’il aimait, là-bas, si loin des collines ardéchoises où il passait un moment avant l’étape médicale et sa guérison.
Son regard flottait, son chèche montait et descendait, sa main découvrait son visage au gré des mots prononcés, de l’amitié donnée, offerte, partagée.
Il était simplement le messager du désert en terre étrangère, un homme d’ailleurs, un morceau de bonheur. Et lorsque le mot miracle se conjugua soudain avec les souhaits de changement, je sais qu’un chameau galopait dans sa tête…
Alain Bellet