J’étais dans la souffrance
Je me souviens déjà des deux semaines, sans ma famille. Quand le voyage a commencé, j’ai eu un nœud au ventre car nous somm es passés au dessus de l’Algérie…
J’ai directement pensé à mon père, parce qu’il es t cent pour cent Algérien et j’ai eu des larmes… Quand je suis arrivé en Afrique, au Niger, j’ai rencontré Moussa, un Touareg qui nous a accueillis à l’aéroport. Cela ne m’a pas choqué, en Algérie, il y a beaucoup de Touareg.
Après, j’ai essayé de dormir pour arriver plus vite, mais le voyage m’a saoûlé. Ma mère m’avait dit, si les choses te saoûlent, laisse-toi guider et ferme-la !
J’ai ramené le respect dans ma tête, même si j’ai éprouvé de la tristesse! Il y avait trop de morale de la part de Rita, mais je sais que cela me servira pour mon avenir.
Noam
Cette femme-là…
Cette femme m’a connu voyou, voyou triste, déchaîné, hanté par une haine très forte qui restait bloquée en moi. Je savais qu’elle le sentait, je le voyais… Cela m’a fait comprendre que cette femme pourrait arriver à m’aider.
Elle a tenté beaucoup de choses pour moi, de la misère, du bonheur, du chagrin. Maintenant ce que je vois c’est que cette femme est en train de m’aider et cela me fait du bien de le comprendre. Moi, qui disais du mal d’elle, je pourrais dire du bien d’elle car je suis fier d’elle et de moi …
Je pense aller jusqu’au bout, si Dieu le veut, mais ça ne sera pas si facile que ça ! J’ai encore un bout de chemin à faire avant ma majorité…
Je ne lui ai vraiment jamais serré la main avec un vrai sourire, mais après tout, si vraiment j’ y arrive, je souhaiterais la prendre dans mes bras et lui dire merci….
Noam
Mon père et moi
Mon père, ce battant, pose son sac sur le cargo avec vingt francs dans les poches, en 1963, il a treize ans et là, sa vie commence en France, tout en gardant énormément de souvenirs de son père et de sa famille qui lui tenaient à coeur.
Sa tristesse cachée, Mouloud fonce tête baissée vers son avenir. Il trouve la femme qu’il voulait trouver, il a vingt-cinq ans, un enfant vient au monde, celui qu’il nomme Abdelkrim.
Plus tard, une autre femme très différente, avec du cœur, ayant le même caractère que Mouloud, rentre dans sa vie et la fait réellement démarrer. Maman, celle que j’aime autant que Papa, je suis venu au monde après quelques années écoulées entre eux.
J’ai grandi, très collé à eux jusqu’à l’âge de huit ans. Ils m’ont beaucoup aimé, cajolé, défendu, admiré. Hélas, arrive une très grosse déchirure. J’ai voulu prendre le chemin de mon père car je savais qu’il comptait beaucoup sur moi pour que je devienne comme lui.
Cette déchirure m’a servi, en bien et en mal surtout, à être ce que je suis maintenant. Après tout ça, pour moi, les huit années écoulées me semblent être comme mises entre guillemets… Je veux les fermer, ces guillemets, et ouvrir d’autres parenthèses, tout en gardant mes souvenirs.
Le sang de mes parents qui coule dans mes veines m’emporte comme une rivière vers la vraie vie, celle que mon père a toujours combattue, pour devenir ce qu’il est et pour que je le devienne aussi.
J’ai commencé à comprendre ce que le mot vie voulait dire. Je l’avais dans ma tête, mais pas encore en face de moi pour mieux réagir.
Maintenant j’ai dix-sept ans, merci Papa, merci Maman, je vous aime.
Noam
Frère et sœur
Mon petit frère qui était plus aimé que moi, moi qui étais jaloux, j’ai voulu prendre le devant un peu caillouteux. Tout cela fait que mon père n’était pas satisfait de moi. Moi, l’aîné, j’ai donné le mauvais exemple à Memouer, lui qui restait attaché à moi, qui m’aimai beaucoup mais qui se disputait parfois avec moi… Je lui ai donné le mauvais chemin et c’est pour cela que j’essaye de m’accrocher aussi durement pour pouvoir trouver une solution pour lui.
Ma petite sœur de trois ans, Anissa, est un petit bijou d’amour, j’aimerais être avec ma mère pour l’élever. Femme au foyer, ma mère a beaucoup de courage pour supporter des enfants très durs, à cœur de pierre.
J’aimerais tailler cette pierre en flèche, dirigée vers le chemin le plus droit et le plus facile pour ma famille. J’ai entièrement confiance en mes parents car ils ont beaucoup de savoir-faire, ils sont intelligents, mais moi je ne les laisserai jamais tomber.
Mes parents, c’est moi. Moi, c’est mes parents Eux, c’est. moi. Et moi, c’est eux !
Noam