Karima, la chanson de la vie
Volontiers poète et vive comme une eau de torrent dévalant les montagnes, Karima vit la moindre seconde avec intensité, passant du chaud au froid, du calme à la tempête.
Comme un diapason à l’affût d’une note juste, elle est de tous les instants, fortement présente, dans la joie ou la tristesse, dans l’implication d’un travail de réflexion, puis sans prévenir elle peut partir en vrille, blessée, vexée, atteinte dans tout son être.
Parfois victime d’une sensibilité à fleur de peau, elle berce le gîte de la Roche d’une voix douce et saccadée, entraînant son auditoire à la suivre dans ses mélodies quotidiennes qu’elle égrène comme une vraie chanteuse.
Elle est le calme et l’explosion, la douceur et la force mêlées. Bien sûr, elle joue aussi de sa féminité avec une assurance redoutable, entre jeu de velours et foudre dévastatrice.
Le Sahara l’a transformée, pense-t-elle, la rendant davantage posée, à l’écoute de l’autre. Hélas, la moindre contrariété, la moindre émotion un peu forte peuvent la faire ressembler à cette ancienne Karima qu’elle ne veut plus être…
Alors, accroche-toi, Petite, refoule tes émotions, évite d’être perméable aux critiques d’autrui, si elle te blessent encore. Tu as grandi dans ta complicité avec Tema, la femme Touareg devenue ton amie, continue, pense le plus souvent à elle, je crois qu’elle guidera désormais tes pas dans les chansons de ta vie, gaies ou tristes…
Alain Bellet
Désert vie, désert mort
Rien, il n’y a rien, juste la vie évitée
Je repense un soir, Boubakar chantait
Ses mots me berçaient, il me regardait
Il donnait de la vie à tout le Ténéré
Rien, il n’y a rien, sauf des pas dans le sable
Loin des villes, des juges et des justiciables
Je marche, pense, cherche une raison valable
Pour mieux vivre comme les Touareg, formidables
Désert, tu es la mort, mais tu donnes la vie
Désert tu es la vie, mon passé ressemble à la mort
Je n’aurai plus d’argent facile, tant pis!
Mais tout ça nous rendra plus forts
Je veux changer maintenant et ici
Que ce long voyage me rende plus belle
Que les portes s’ouvrent, avoir une vie nouvelle
Que le respect remplace les querelles
Que je passe enfin du mensonge au réel
Je repense au coucher du soleil, tu étais là
La femme au regard enfantin m’aidait, voilà
Je découvre enfin le bonheur, tout ça
Seule parfois, je redis ton nom, Téma
Désert tu es la mort mais tu donnes la vie
Désert tu es la vie, mon passé ressemble à la mort
Je n’aurai plus d’argent facile, tant pis
Mais tout ça nous rendra plus forts
Je veux changer maintenant et ici
Tu crois qu’ ils sont dans la misère
Toi tu penses être heureux dans ta galère
Tu fumes, tu bois, ne respectes pas ta mère
Tu t’en sortiras pas mon pote, c’est clair
Je veux sortir de là, j’ y crois sans cesse
J’apprends à me contrôler, finies les maladresses
Femmes touarègues vous êtes la tendresse
Et m0i, je veux prendre le chemin de la sagesse
Désert tu es la mort mais tu donnes la vie
Désert tu es la vie, mon passé ressemble à la mort
Je n’aurai plus d’argent facile, tant pis
Mais tout ça nous rendra plus forts
Je veux changer, maintenant et ici
Chanson de Karima (et Alain)
Cette femme-là
Je regardais Tema, elle était différente des femmes que je connais. Elle était vraie.
Un matin, je me lève très tôt à l’aube puis je soulève ma tête et je vois une femme en train de prier sur son tapis de velours. Quelques minutes après, je la vois en train de faire un feu pour nous préparer le petit-déjeuner. Sa mère, Fatima, arrive et lui demande d’aller rentrer les chevreaux dans leur abri. J’étais vraiment étonnée de voir le respect qu’elle avait envers sa mère.
Cette chaleur que je sentais dans cette famille, j’étais bien avec elle. On faisait tout ensemble et elle m’a appris beaucoup de choses que je ne connaissais pas auparavant. J’ai appris à piler, à être autonome, à construire une tataram, à faire un feu, à traire les chèvres…
Ce qu’elle m’a apporté le plus, c’est son amour, l’attention qu’elle avait pour moi. Et moi, j’ai appris à avoir de l’attention pour quelqu’un! Avant, je ne « calculais » personne, je n’écoutais rien, je fuyais la réalité, je ne respectais plus même ma propre mère, celle qui m’a mise au monde.
Maintenant, je me sens comme si j’étais une nouvelle Karima, je suis plus souvent à l’écoute des gens, plus consciente de ce que je fais, plus en confiance avec les adultes, mais surtout le respect envers la mère, et si je la respecte, elle, je pourrai aussi bien respecter les autres personnes qui m’entourent.
Karima
Hauts et bas de ma vie…
Les autres ne m’intéressaient pas, ces gens qui m’ont entraînés à faire des délits au point de me retrouver dans ce CER, coupée de tout, ma famille, mes amis, en bref loin de tout !
Mais d’un côté, je me dis que j’ai bien fait de faire toutes ces conneries parce que je ne serais jamais là, je ne saurai toujours pas ce qu’est le respect, la prise de conscience. Je me disais aussi, même, que je ne pourrais jamais changer !
Et pourtant, si! Je sens que j’ai évolué pour tout recommencer à zéro et prendre la clé pour un nouveau départ. Je sais maintenant que c’est chacun pour soi.
Dans la vie, il y a des hauts et des bas qu’on ne peut pas affronter tout seul. Mais, je ne peux pas baisser les bras si vite, alors, j’efface mon orgueil. J’ai beau compter sur mes amis, pourtant l’amitié n’a pas de prix. Ils m’ont promis qu’ils seraient toujours là, mais quand je galérais, je ne les voyais pas.
Karima
Le désert, c’est comme une nouvelle naissance
Mes yeux étaient comblés des couchers de soleil magnifiques aux diverses couleurs, de ces gens si vrais. Je marchais en suivant la caravane pas à pas dans ces dunes si chaudes. Il n’y avait aucun bruit, pas de voiture, pas de pollution, de cris, rien.
On entendait juste le chant magnifique d’un homme vrai, courageux, cultivé. Il s’appelait Boubakar. Lui seul, grâce à son chant, me faisait avancer comme si j’étais hantée par sa voix.
Et petit à petit, j’ai réussi à m’intégrer dans le rythme de la caravane. Ce fut pour moi, vraiment, une expérience inoubliable.
Karima
Demain, ce sera un petit matin
Demain, ce sera un petit matin, mes misères seront dispersées
Grâce à la caravane que j’ai faite dans le Ténéré
Et ces Touareg respectueux qui m’ont aidée
Ils m’ont fait comprendre de quel côté était ma destinée
Oublie donc les mauvaises fréquentations
Tout ce qui pour moi n’est pas bon
Prendre conscience de ce que j’ai fait
De tous ces gens que j’ai blessés
Je m’en veux maintenant car j’ai décidé de changer
Si je pouvais retourner dans le passé
Croyez-moi, je changerais bien des choses
Je changerais mes jours, mes nuits, mon langage, mes envies de voler
Mes amis, bref, toute la vie que j’ai vécue dans mon passé
Demain, ce sera un petit matin, Je me lèverai enfin sans crainte
Les gens me souriront enfin sans hypocrisie
Je marcherais dans la rue sans que ma tête
Soit embrouillée de soucis
Dans mes yeux, il y avait encore du sable
Sur les autres, je voyais une vie misérable
Les grains de sable ressemblaient aux malheurs du passé
Sable gris, justice
Sable blanc, solitude
Sable sombre, prison
Sable sale, honte
Sable sans couleur, mensonges.
Mais à présent, tous ces grains de sable
Ressembleront aux bonheurs d’un futur à imaginer
Et les pierres du désert borderont ma route
Pierres vertes, mon travail
Pierres rouges cuivrées, mon amour
Pierres blanches, la chance
Pierres noires, souvenirs du Ténéré
Pierres marbrées, la véritable amitié
Pierres bleutées, les regards échangés
Demain, ce sera un petit matin
Je serai là tout près du soleil, ma vie sera une mélodie
Une mélodie pleine de douceurs, d’attentions, de réconforts
J’aurais grandi
Ma musique me ressemblera
Mes paroles seront ma liberté, mes couplets ma fierté,
Et mes refrains seront le respect envers moi et les autres.
Karima
bonjour Rita comment allez vous ? c’est karima hamrani très touchée de nous revoir tous et surtout d’apprendre que Jean Claude et Maximilien ne sont plus.. paix a leurs âmes. nous pouvons nous appeler ? je vous laisse mes coordonnées 0634201043. avec hâte et au plaisir. merci