Wesley, un regard tendre du sable à l’océan
C’est sûr, ce garçon un peu mystérieux détestait l’école et ses obligations trop strictes. Difficile de rester quelque part, à moins d’en avoir réellement envie, dit-il en repensant au centre de formation des apprentis où il aurait pu devenir cuisinier…
Secret, tendre sans doute, Wesley aime son univers de ville côtière. Boulogne, c’est les bateaux qui partent, les bateaux qui reviennent …
Un jour, il se dit qu’il embarquera sur un chalutier immense, histoire de raconter aux saumons de passage ses plus beaux souvenirs du Sahara !
Dans sa fragilité apparente, il aimerait bousculer des montagnes, davantage nommer les choses, les dangers, les bonheurs. Cela l’attire…
Dans son coin, il observe les autres, calmement, et semble rêver à des jours meilleurs. Ensuite, il redescend sur terre, un sourire aux lèvres, disponible, ouvert aux autres…
Alain Bellet
Ce que j’ai le plus aimé ?
Ce que j’ai le plus aimé, ce sont les dunes ! Elles étaient petites, grandes, chacune avait un sable différent. Un jour le sable était dur, un jour le sable était mou.
Les dunes étaient si belles, elles me faisaient rêver. C’était comme un toboggan, c’était comme un grand jeu. Quand on montait, la vue était magnifique et quand le soleil se couchait, c’était comme si on pouvait marcher sur les nuages. Le ciel était de toutes les couleurs, rouge, jaune, bleu… C’était plus beau qu’un feu d’artifice! Je le regardais comme si c’était un film, les comédiens étaient merveilleux, j’aimais les regarder rigoler, il ne se passait pas une journée sans qu’ils rigolent.
Wesley
Je me disais, si je change, c’est bien, sinon, tant pis !
Je crois que j’ai un peu changé, quand même. Je fais plus de conneries, je vais bientôt avoir dix-huit ans. Ce ne sera pas pareil, je n’ai pas envie de rester toute ma vie en prison, pour moi et aussi pour mes petits frères. Je n’ai pas envie qu’ils me voient en prison, tout le temps.
Je ne veux plus avoir affaire avec la Justice. Les Touareg ne volent pas, ils n’ont pas besoin d’argent, ils rigolent toujours. Moi, j’aimerais ne plus avoir de soucis.
Wesley
Mes yeux brilleraient si j’y revenais
On m’avait dit que ce voyage me transformerait
Aujourd’hui je pense au métier que je ferai
Ce sera dans la mer, avec les poissons
Depuis que je suis petit, je vis avec cette idée
J’aimerais travailler dans un chalutier
J’aimerais partir cinq semaines, cinq mois
Traverser l’Atlantique
Traverser le Pacifique
Être bercé par les vagues
Et dans quelques années, retourner au désert
J’aimerais revoir les gens qui m’ont fait faire la caravane
Revoir Ahmed le maçon, Ahï, le chef d’entretien de Zakkat
Adam et Mohamed qui travaillaient avec eux
J’aimerais retourner dans la famille d’Ahmed Chaoua
Revoir Abdelkrim qui chante tout le temps et toujours
J’aimerais revoir ses yeux brillants, le retrouver
Je pense alors qu’à ce moment mes yeux brilleraient
Autant que les siens et je serais content
Wesley
Ecoutez, p’tits frères
Quentin et Julien, écoutez-moi. Ne prenez pas le même chemin que moi. Je veux vous dire que j’ai fait des conneries et j’ai atterri en prison puis, ensuite, dans un foyer. Mais maintenant, j’ai compris, je viens d’aller dans un CER au Niger, j’ai appris à vivre sans argent et sans shit, ça ne m’a rien fait. Les Touareg étaient gentils avec moi.
J’aimerais que vous suiviez le chemin des enfants touaregs, ils ne fument pas, ne boivent pas et ne volent pas.
Là-bas, si tu voles, on te coupe la main et si tu recommences, tu manges avec les pieds.
Moi, si j’avais grandi là-bas, je ne serais pas là en ce moment, loin de vous, à m’ennuyer de vous, mais je serais à la maison, avec vous.
Wesley