Charly

Le fusain de Charly

Un peu timide, Charly s’installe dans le coin d’une pièce et les images fusent, viennent, se forment. . . La création semble t’apaiser, te faire du bien. Pour toi, le dessin devient un instant une seconde existence et cela semble t’étonner d’avoir un vrai talent…

Discret, posé, presque timide, Charly avance sur cette nouvelle route qu’il s’est fixée avec une belle détermination et une volonté sans faille. Il veut réussir, changer, bouger, grandir… Il veut tout comprendre, tout tenter pour avancer encore et les difficultés ne semblent plus l’effrayer.

Charly aimerait tant faire la paix après ces guerres de la vie, qui l’ont si souvent déstabilisé, blessé, affaibli. Il revendique une seconde chance et aimerait vite avoir à nouveau le droit de rentrer chez lui, que soit levée l’interdiction judiciaire qui le frappe !

Fonce, deviens moins vulnérable aux choses et aux gens qui t’entourent. Dessine-les, domestique cette capacité artistique indéniable. Elle t’aidera, j’en suis convaincu, à balayer les mauvaises influences, les sales tentations qui gâchent parfois les bonnes résolutions, tes espérances d’une vie normale…

Alain Bellet

 

Au désert, la mort est proche

Les trois premiers jours, c’était dur, je me souviens que nous sommes partis l’après-midi. Au bout de trois heures, nous n’avions plus d’eau et nous avions terriblement mal aux jambes. Le lendemain, nous déjeunions et nous sommes partis vers sept heures et demie. À dix heures, c’était la mort car le niveau d’eau avait diminué… La mort était là, toute proche, d’habitude on ne la  voit  pas… Au désert, tu la vois, tu regardes les scorpions verts et blancs, tu devines les couleuvres, les vipères sous le sable… Le plus dangereux, c’est de se casser les os!

Je me rappelle un jour où j’ai eu très peur… J’étais presque tombé du haut du chameau car il s’était arrêté net et avait brusquement baissé la tête, pour manger…

Ce qui était dur, au début, c’était de s’intégrer parmi les Touareg, il fallait qu’ils s’habituent à notre présence. Plus tard, j’adorais parler avec eux.

Je repense aussi aux gueltas, l’eau me semblait irréelle, en plein milieu des rochers, on trouvait de l’eau et cela était bien ..

Charly

 

Mes parrains

Ces deux hommes m’étonnaient, Ahmed m’impressionnait et la jeunesse d’Abdelkrim m’attirait. Je pense à eux, ils me manquent. Je me souviens du regard d’Abdelkrim, quand je ne le connaissais pas encore, à la brillance de ses yeux, je savais qu’il était jeune.

Dans leur campement, j’aimais bien aller chercher les chameaux avec Abdelkrim, je me souviens d’une jeune chamelle prête à reproduire qui se sauvait et ne restait pas avec les autres chameaux. Tous les deux, nous l’appelions Chameau Anebzsou en riant.

Dans le campement, personne ne parlait français, sauf un  homme  qui n’était pas là souvent. Pourtant, on se comprenait bien avec les gestes, les mots, les regards.

Au début, j’avais plus de mal à comprendre et à me faire comprendre d’Ahmed mais, à la fin, son fils, à qui j’avais appris pas mal de mots de notre langue, lui expliquait ce que je voulais dire.

Pendant le voyage pour aller vers leur campement, Ahmed était inquiet. Le soir de mon arrivée, j’étais malade, et le vieil homme ne savait que faire. J’avais salué sa femme, sans la regarder comme la tradition touareg le veut, je ne savais pas trop ce qu’elle pensait de moi. Pourtant lors de mon départ, elle m’a offert un porte-monnaie en cuir.

Le plus souvent, j’étais avec Abdelkrim, j’appréciais sa présence, c’était  un jeune homme courageux, tendre, quelqu’un sur qui l’on peut compter, comme son père Ahmed.

Charly

 

Les    jours  à venir

C’est difficile de savoir exactement ce que cette expérience m’a apporté, mais je sais que c’est bien. Bien pour moi, bien pour ma famille… Cela m’a apporté de commencer à réfléchir à ce que je voudrais faire de ma vie.

Je voudrais avoir un métier, si possible peintre en bâtiment, faire un apprentissage et, à l’âge de 18 ans, avoir une voiture, une copine, puis chercher un appartement.

 

Demain, je serai peintre en bâtiments

Evidemment, en apprentissage

Maintenant, je serai bon avec ma famille

Au lieu de la faire souffrir. Je veux Imaginer une vie sans ennui, sans

Nuage qui pue, comme à Tchernobyl !

Charly

 

Je veux rentrer! 

Ils m’ont dit que je n’habiterai plus avec ma mère. Nous, ma mère et moi, nous sommes sortis du Tribunal, nous étions dégoûtés et, en plus, je partais en foyer.

Revenu en France, c’est mon droit d’aller chez moi, vivre dans ma ville Ils peuvent encore m’en empêcher. Tu sais, M’man, bientôt je serai dans notre appartement.

Evidemment, ça sera extrêmement dur ! Sache que j’y arriverai envers et contre tout. Je vais foncer vers la vraie vie, ouvert aux autres. Un monde nouveau.

Ralas, c’est fini, amis Touareg.

Charly

 

Mon vieil ami

J’aimais la générosité d’Ahmed.

Dans son campement, je le trouvais gentil et quand j’étais malade, il était souvent avec moi. Je savais que ce vieil homme était âgé mais je trouvais qu’il bougeait bien! Cela m’étonnait et ça me faisait sourire. Je n’avais jamais vu un ancien aussi actif !

Ahmed était attentionné à mon égard, pourtant il ne savait pas trop comment faire avec moi. J’entends encore ses « Ça va Charly ? » Et  ses  « C’est  bon… ». Je revois ses yeux fins et malins et je l’entends encore rire, car il riait souvent. Je trouve qu’il parlait moins une fois arrivé dans son campement que dans la caravane.

Mon ami ne savait pas trop comment faire avec moi.

Je voudrais remercier Ahmed et Abdelkrim de m’avoir accueilli dans leur campement avec toute leur famille.

Charly

 

Ma mère

Pour ne plus jamais te rendre triste.

A partir d’aujourd’hui, je te le promets. Sérieux, attentif à toi et à moi, tu sais, ton fils Charly ne sera plus comme avant, c’est un autre Charly qui va revenir, plus calme et plus libéré avec l’envie de travailler

En route pour la liberté !

Grandir est un très grand mot et

Réussir encore plus ! Maintenant, je veux

Avoir la possibilité de continuer

Nous y arriverons tous un jour

Dans notre tête, les gens ne savent pas ce qu’il y a

Ils ne comprennent pas, mais

Réfléchissez bien à ça!

Charly

 

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