Cliford

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Cliford, l’observateur agissant

Cliford, c’est de l’eau qui dort, comme en retrait, spectateur d’un groupe tout en étant l’un de ses membres.

Aux aguets, il semble tout saisir, comprendre, organiser même, sans avoir besoin de se projeter au centre.

Parfois songeur, il semble disparaître sans rien faire, des heures durant, pour un voyage mental où il s’échapperait du réel.

Puis, sans prévenir, il est là, pleinement, comme un regard grave porté sur l’humanité.

Il n’attendait pas grand-chose du Sahara et aujourd’hui, il serait prêt à y repartir dans l’heure.

Joueur, ce garçon émotif pourrait s’amuser à manipuler autrui parce qu’il sait saisir une situation, comprendre ce qui se passe, l’induire même.

S’il reconnaît exploser par désœuvrement ou agir nerveusement par instinct, d’emblée il sait analyser la suite, peser les contrecoups, les conséquences.

Garçon sensible, tu sais atténuer les conflits, les faire mourir  mais  un  autre  Cliford  s’amuse souvent à les attiser!

Alors, pour ne plus jamais perdre ton temps, choisis ta voie, travaille, fonce, tu sais au  fond que tu seras plus heureux, comme lorsque tu découvres avec bonheur le plaisir  de  balader tes doigts sur un clavier de piano pour le grand plaisir d’autrui…

Alain Bellet

 

Je croyais que ça allait être nul

Je croyais que ça allait être nul, le Niger, comme ça, on ne connaît personne, ça  ne m’intéressait pas et j’avais accepté uniquement pour mes affaires de justice. J’ai pensé le contraire quand je me suis retrouvé avec Boubakar. Je lui ai promis plein de choses : J’allais  travailler en maçonnerie, c’est le chantier à Zakkat qui m’a donné cette envie.

Boubakar, c’est un homme, et il n’y en a pas beaucoup comme lui. Il est croyant, c’était comme un ami, même si au début je le voyais comme un père. Je parlais de ma famille, de la France, je crois qu’il m’aimait bien. Au début, pendant la caravane, je ne parlais pas avec lui, je parlais avec Ibra, mais c’était différent.

Boubakar, il est bien avec les jeunes, il m’a appris à ne pas me prendre la tête, il me parlait tous les soirs, c’était la première fois que j’avais un ami de l’âge de mon père ou presque.

Mes histoires en France le faisaient rire mais il rigolait sans me juger.

Je pense que cet homme est exceptionnel! Ces gens-là ne vivent pas comme nous, nous n’avons pas tous les mêmes problèmes.

Je pense qu’un jour, je vais le revoir, seul, sans partager avec d’autres. J’aimerais le garder pour moi avec mon amitié.

Pour moi, il représente le Sahara, je lui faisais confiance, je l’écoutais chanter.

Dans le campement, toute sa famille chantait, je me sentais bien, il me parlait de ses voyages dans le désert, parfois de la rébellion des Touareg.

Penser à lui me rappelle de bons souvenirs. Je parlerai de lui à ma mère et à mon père, peut-être même à mes grands frères.

Ils verront mes photos, je m’en fous un peu des autres, il n’ y a que Boubakar qui comptait. Il va être sur toutes mes photos.

Il passe partout, tout le monde l’aimait bien.

Cet homme donnait toujours des choses aux gens, de l’argent aux femmes que l’on croisait sur la route, des dattes aux enfants, il est généreux, bon, humain.

Il est peut-être comme un modèle d’homme, j’aimerais peut-être lui ressembler…

Cliford

 

En pensant au travail, je me dis …

En pensant au travail, je me dis que Jean-Claude est un acharné du travail, qu’il s’occupe de ce qui doit être bien, mais c’est un fou du rangement! Rita, elle aime bien foncer droit,  mais elle prend son temps…

Elle sait ce qu’elle fait, même si elle est gentille, elle est quand même prise de tête ! Mercredi, à la réunion, Rita va revenir de Suisse et ça va être ma fête. Elle n’est pas ma mère mais elle joue bien son rôle. Elle est plus dure que ma mère.

Quand on fait des conneries, on ne s’aime pas après et on sait bien que les ennuis vont arriver le lendemain.

Des fois, je mets mon grain de sel, avec ma langue de vipère, et comme toujours, j’en prends ! Rita ne loupe personne.

Je sais que je bougerais si je travaillais et cela, Boubakar l’avait compris. Je ne perdrais plus mon temps et m’occuperais  de choses essentielles. C’est toujours le fait de perdre son  temps qui te fait faire des conneries.

Je repense au Sahara et je me dis que c’était bien et que si c’était possible, je le referais à l’infini, comme Jean-Claude et Rita. Même les prises de tête, c’était bien, parce qu’après, on  en rit, il n’y a plus de problème.

Moi, je suis plutôt bordélique, pas maniaque du tout et, pour travailler, cela peut être une qualité aussi.

Dans le travail, il faudrait que je puisse voir le résultat, comme Rita et Jean-Claude. Lui, il donne son avis puis ils voient tous les deux le résultat sur nous.

Cliford

 

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