Roger

Roger, ou la force du faire

La tête enturbannée de bleu, le regard vert s’harmonise avec la teinte du costume touareg. Tu es là, mais là-bas aussi, avec ces hommes qui t’ont aidé sur le chemin des croyances partagées, ces hommes qui ont su te donner confiance.

Tu es dans l’essentiel de la vie, dans ce qui la permet, et cette boulange qui t’attire pour en faire un métier te correspond bien.

La pâte est levée, la cuisson s’organise, et la levure s’impose comme un supplément d’âme. Le pain partagé, le pain respecté, la direction est désormais montrée. Un peu timide parfois, bougon et décidé, tu te veux travailleur terrestre mais ton choix spirituel t’éloignera sans doute des glissades des quotidiens où les âmes s’embourbent.

Repars à Dunkerque, embarque sur des vagues maîtrisées, dorénavant, c’est le pain de  la vie qui balisera ta route…

Alain Bellet

 

M’en sortir moi-même

 Le plus dur, c’était les puits… il fallait tirer de l’eau, c’était vraiment le plus difficile, à cause de la chaleur.

Je ne pensais pas que le voyage serait  aussi dur… Pour le chargement des chameaux, c’était  bien, j’étais avec Boubacar. Parfois, c’était la misère… Parfois, c’était marrant… Dans son campement, il y avait des chèvres, des ânes, des moutons. Sa fille faisait la cuisine et sa femme allait chercher l’eau, à quinze kilomètres !

Je ne pourrais pas vivre là-bas… Je pensais souvent à ma mère, à mon  quartier, à mes amis, avec eux je parlerai de tout ça.

Je crois que ce voyage va me permettre de découvrir des choses, comme le respect et le courage. C’était dur, pour le respect. En France, ça serait mieux si les gens se respectaient. Il faudrait que tout le monde travaille comme tout le monde !

Il faut que les gens changent dans leur tête, Irham, Bachar, m’ont appris la prière, Boubacar  aussi… Je la tiens, je les en remercie. C’est important, je suis là, grâce à Allah.

Avec la religion, je ne savais pas comment faire. Je suis attiré par la religion musulmane, je trouve cela bien de partager cette religion avec les Arabes. Je pense que je n’ai pas encore appris le respect, il n’est pas encore dans ma tête.

J’ai du mal, les mots sortent, je n’arrive pas à me contrôler. Il faut avoir du respect réciproque, les vieux, les jeunes, les hommes, les femmes…

Il faut que je m’en sorte moi-même. Je suis content de moi, dans mon stage en boulangerie. Je sais maintenant, que je vais en faire mon métier…

Roger

Photo Philippe Depallens

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