Benoît D.

Un sourire Nord-Sud

Entre Lille et Bamako, mille chemins restent à prendre. Benoît a-t-il réellement choisi le sien? Est-il ce garçon rieur qui laisse la vie le porter? Est-il travailleur? Préfère-t-il l’indolence? Au jeu des identités à affirmer, a-t-il choisi sa route ? Les mots savent le bercer mais parfois le courage lui manque. A certains moments, le désert s’empare de son regard, une image s’installe, une sorte de tranquillité apaisée s’impose.

Benoît, c’est de l’eau qui dort entre deux bouilloires, c’est aussi un rire venu de l’enfance, déménageant les inquiétudes.

Un piège reste tendu. Celui de la facilité, celui d’un recommencement, d’un «on verra bien!»

Allez, garçon, laisse-toi changer, au Mali ou Faubourg de Béthune, une liberté peut se conquérir dès lors que les autres autour de toi soient respectés…

On fait le pari?

Alain Bellet

 

J’avais la rage !

Je me rappelle tous les jours la même merde,

Tous les jours, j’étais venère,

J’avais envie de péter un câble, de tout niquer

Des envies de meurtre me hantaient, mais je me retenais

Et j’avançais, tête baissée, toujours à l’avant sans regarder  derrière  moi.

Je traçais ma route pour arriver le plus vite possible à la fin.

Hélas, les jours passaient et j’étais toujours là, dans ce putain de désert,

Avec ces putains de chameaux et Rita qui me prenait la tête…

Elle n’était jamais contente,

J’avançais en pensant à mes potes,

En regrettant ce dimanche 3 février vers minuit lorsque j’avais fait cette dernière agression qui m’a envoyé dans cette galère…

Benoit D.

 

Quitter le désert

C’est retrouver un chemin, retrouver mon chemin, ma route. Pour moi, c’est comme si l’on m’avait dévié de mon chemin pour me mettre sur un autre.

Mais est-ce qu’il va me plaire, cet autre chemin? Est-ce que je préférais pas l’autre ? Semé d’embûches, de keufs, d’argent, de drogue, de sexe et de violence? Il y avait aussi des délires, des rencontres, des fous rires…

Le chemin que je voudrais trouver est celui du travail, fonder une famille, laisser rage et haine derrière moi, et retourner au Mali avec beaucoup d’argent pour ma famille restée là-bas…

Benoit D.

Dans ma tête, j’ai ramené du sable

Il était aussi chaud et brûlant que la haine que j’ai en moi. Dans ma tête, j’ai ramené des bons et des sales souvenirs que j’ai envie d’oublier, même si je sais qu’il va m’en rester quelques-uns.

Dans ma tête, personne ne sait ce qu’il y a, personne ne saura jamais ce qu’il y a dans ma boîte ! Dans ma tête, c’est la galère, c’est la guerre, Il n’y a aucun moment de bonheur…

Dans ma tête, c’est le désordre, j’ai envie de tout faire et de ne rien faire, Dans ma tête, c’est l’orage, même si la pluie ne tombe pas. Je suis tellement triste dans ma tête que je souris tout le temps pour que personne ne voit ma tristesse…

Benoît D.

Le désert est très loin derrière moi, très loin, même…

Je pense aux oueds, c’était bien de se baigner, ça décrasse la tête même si la mienne est claire… Se rafraîchir, se rafraîchir encore… Le sable était chaud, tout brûlait, les pieds, la tête, les cris d’Amanda…

Au début, elle criait beaucoup… Le vent de sable la rendait folle. Il lui rentrait dans les yeux, la fatiguait, l’énervait…

Le stress était du voyage. Je repense à ce sac  à dos, lourd, archi-lourd,  et deux sacs sur le dos, c’est encore pire… Je pensais ne pas arriver…

J’allais crever dans le sable, loin de chez moi. Je pensais a mes amis,  je  me  demandais quand j’allais les revoir…

Benoit D.

 

Courage pour demain

Pour mes frères et pour les tiens, certains pensent que demain c’est trop loin, d’autres y croient et finissent par s’en sortir. D’autres ont préféré partir…

Moi, je fais partie de ceux qui ne savent pas où ils vont…

Au fond, à quoi cela m’a servi ? Au début je voulais rentrer à Lille mais j’ai réfléclù et je me suis dit qu’avec un bon bilan, le juge me laisserait rentrer dans ma ville où je suis interdit de séjour. Je me suis forcé à ne pas péter les plombs. J’ai souffert pendant deux mois et demi, je croyais que ma tête allait exploser mais je n’ai pas craqué, j’ai résister jusqu’au bout…

Mais à quoi tout cela a servi si l’interdiction de vie à Lille n’est pas levée? J’étais sur le point de changer, maintenant, je me demande ce que je vais faire?  Elle avait presque réussi à me faire changer…

Benoît D.

Adieu, vieil homme d’Honneur qui m’a donné envie de réussir, moi, le galérien insensible et désorienté, moi l’agresseur trop facile. Donne-moi ta sagesse…

 

 

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