Amanda

Amanda, l’authentique

Entre nervosité et tendresse, douceur et explosions, elle hésite un instant, explose soudain et raconte d’une voix forte les histoires de sa vie, ponctuant  ses dire d’une galerie de mots colorés.

Dans le silence et loin des autres, une certaine sagesse arrive sans prévenir, un regard, une pensée. Alors, avec sérieux, elle repense au désert, et à celle qu’elle était devenue, parmi les nomades qui l’appréciaient.

Demain ? Elle va y réfléchir. Elle s’imagine travailler avec les enfants pour aider à son tour les nouveaux venus.

Le regard bleu brillant cherche à jeter des passerelles entre sa vie d’hier et l’aujourd’hui et, dans cette quête, elle se souvient d’Irham le sage, le  généreux.  Méfiante à l’égard de tous les pièges tendus devant les pieds des femmes, elle cultive ses résistances, forge ses certitudes.

Enthousiaste, Amanda aimerait arriver à changer, sans s’en battre les…

Alain Bellet

Etre libre

Etre libre, c’est savoir où l’on va,

Pour moi, c’est déjà tout tracé

Etre libre c’est apprendre à dire basta !

Et partir quand il faut vraiment se casser

Etre libre, c’est savoir choisir

Vous, les femmes qui vous laissez guider

C’est à vous de construire votre avenir

Peser le pour et le contre, ne jamais hésiter

Si tu marches sur la ficelle ta liberté sera étranglée

Attention, réfléchis, la belle

Stas ta route et va en paix

Amanda & Alain

J’ai fait ça pour étonner ma mère !

Elle me croyait irrécupérable! Maintenant, j’ai peur de ce qu’elle va penser quand je vais rentrer… Et si je n’étais plus un mauvais exemple pour mes frères et mes sœurs? Et si je commençais par leur apprendre ce qu’est le respect, ils ne le connaissent pas trop…

Là-bas, j’étais toute timide et le désert a changé mon comportement.  J’aimerais  de nouveau ressembler à l’Amanda du désert! Seule, je crois savoir bien me comporter. Je me sens bien dans un groupe, hélas ça part à chaque fois en live, ça dégénère pour rien…

Tout cela m’a étonné, et j’ai fait un grand pas! Non, ce n’est pas qu’une tentative, je veux que ma mère reconnaisse que j’ai changé! D’accord, il faut encore que j’abandonne mon langage, il faut que je m’améliore…

Amanda

 

Je repense aux sourires des femmes

Leurs yeux brillaient, je pense qu’elles étaient heureuses, cependant, elles ne peuvent que l’être, elles n’ont pas le choix… Je les regardais, les observais, je comprenais peu à peu leur langue. Elles me questionnaient sur la France, me demandaient si j’avais des frères et des sœurs… Elles voulaient savoir comment les enfants étaient punis en France.

Je me sentais bien avec elles, tous les jours nous allions chercher l’eau, faisions la nourriture. Puis, après la sieste, nous donnions à manger aux chameaux, venait le tour des chèvres, après, jouer avec les enfants.

Moi, je ne pourrais pas vivre comme elles! Je me souviens de leurs questions sur nos maisons de France, elles voulaient savoir quels étaient les arbres sous lesquels on se protège de la pluie et du soleil…

J’aimais les dessins que nous tracions sur le sable pour nous faire comprendre et expliquer les choses… J’aimais ces femmes mais je pense qu’elles n’étaient pas libres, trop soumises aux hommes, aux pères, aux maris…

Seules, elles parlaient, riaient, s’amusaient…

Parfois, je m’ennuyais, je pensais à mon pays, aux femmes de chez moi. Les femmes ne doivent pas se laisser marcher sur les pieds…

Moi, je n’aime pas la soumission, c’est mon chemin personnel. ..

Amanda

 

C’était fabuleux !

Pour moi, Irham est le Touareg le plus fantastique! J’ai eu le plus de facilités pour dialoguer avec lui. Dès que je voulais savoir quelque chose ou apprendre, e me tournais vers lui, il apprenait ce qu’il savait, charger les chameaux, les décharger, et quand j’avais fini mon travail, nous parlions ensemble.

Pendant la caravane, il était toujours près de moi et me demandait si ça allait. Il me disait souvent qu’il fallait que je monte à chameau parce que j’étais une fille et qu’il faisait très chaud. Il me disait très souvent que j’étais courageuse de marcher si longtemps…

Cela me faisait réfléchir de marcher, je pensais et j’en avais bien besoin pour me libérer l’esprit. Sur la route du campement d’Irham, j’étais un peu angoissée à l’idée de rencontrer sa famille. Il avait à cœur de me parler d’elle, son regard pétillait d’impatience. Plus on avançait vers son village, plus j’essayais d’imaginer dans ma tête à quoi ressemblaient ses enfants, sa maison, sa femme Célia et ses petites habitudes de chez lui.

Arrivée au campement, je descendis de chameau et allai saluer sa femme et ses enfants. J’avais un peu le trac de rentrer dans leur univers. Tout cela était nouveau pour moi, le campement était différent des autres où j’étais allée.

Je pris mes affaires et m’installai. Je regardai partout autour de moi, le lieu me semblait calme et paisible. Je repensais au jour où Rita m’avait dit que je n’irais peut-être pas chez Irham parce que son fils avait eu un grave accident avec le feu.

Je me disais que j’aurais peut-être loupé quelque chose que j’aurais regretté.

Pour moi, c’était magique d’être avec quelqu’un qui voulait me faire découvrir un autre monde que le mien, pour moi tout ça c’était bien. Je me sentais bien chez lui, avec ses enfants si adorables. Il les couvrait d’affection. C’est un bon père, un homme toujours prêt à rendre service et grâce à Dieu, il a trouvé son chemin. J’espère un jour en faire autant!

Ses enfants sont vite venus vers moi, ils m’ont montré leurs cahiers d’école et la fille d’Irham, Fatimata, m’a prise par la main et m’a tirée vers le chemin de son école pour me  présenter  son maître et me faire visiter sa classe. A sept ans, elle avait une certaine fierté en elle avec sa petite bouille et ses cheveux tous frisés, tenant bien son cartable. D’un pas assuré, elle filait vers l’école avec le sourire.

Deux soirs de suite, elle voulut que je lui fasse prendre de l’avance sur ses camarades. Elle était vraiment bien cette petite, et plus joyeuse que tout !

La fille aînée d’Irham, appelée Atoum, était la plus tendre et la plus calme. Je crois que c’est cela qui m’a attiré vers elle. Je voulais savoir ce qu’elle avait en elle, pourquoi tant de calme et j’ai découvert que c’était quelqu’un de sensible et de très fragile. Elle prenait les choses à cœur, par contre elle n’allait pas à l’école. Elle aidait sa mère au campement.

Je trouve qu’elle tient bien sa place,  je pense que pendant que  j’ étais  chez Irham,  je me suis beaucoup accrochée à cette petite fille si  innocente. Comme je faisais beaucoup de choses avec elle, quand mon regard croisait le sien, je pensais à ma sœur du même âge. Et ce qui m’a  beaucoup surprise, c’est le soir où je suis partie du campement.

La petite m’avait tenu la main pendant un bon moment et j’avais aperçu des larmes qui coulaient sur son visage. J’ai compris que cette petite fille avait ressenti ce que j’avais en moi pour elle, et elle me l’a montré à sa manière…

Irham m’a également présenté sa mère et sa sœur Raïcha qui habite la maison voisine. Elle voulait toujours que je reste auprès d’elle. On faisait la cuisine et le thé ensemble. Elle avait un fils handicapé de huit ans, Tamedy. Je me souviens du premier jour où il m’a vue, il s’est mis à hurler de peur et cela a duré toute la journée.

Ce qui me choquait le plus était le petit Séliman, avec ses brûlures sur le côté du ventre. Il pleurait pour qu’on le porte. Hélas, on ne pouvait pas, ses plaies n’étaient pas encore cicatrisées. Il nous regardait avec des yeux délaissés, se sentant un peu comme abandonné, je pense. Je restais toujours auprès de lui pour le faire manger et l’endormir.

Amanda

 

 

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