Carnet de bord

Le 09/10

 Pour Vincent et Daniel c’est le baptème de l’air.

Arrivée à Agadès après 950 km de route goudronnée. Traversée de nuit, plus ou moins bien installée dans des peugeots familiales. Première approche de l’Afrique.

Installation au camping et les premières surprises animales, souris, crapeaux, scarabées, lézards. C’est aussi  la  première nuit à la belle étoile, et le ciel est très étoilé.

Dernières courses avant le grand départ. Au marché, achat de chèches et des sandales, visite au tailleur pour faire coudre les tenues manquantes, quelques fruits pour la route, les derniers.

L’animation, avec ses éclats de voix font peur à Daniel qui se met à pleurer.

Le soir au camp, crise de Charly qui se sent persécuté, toujours dans l’excès, il part en pleine nuit, avec son sac… mais où veut-il aller, nous sommes déjà au désert.

 

Le 10/10

 C’est Témète qui fait le réveil avec jeux et léchouilles . Déjà Daniel veut rentrer chez lui, son père lui manque.

On change d’habits, on revêt la tenue touareg. Les habits européens seront retrouvés à la veille du départ, à Niamey.

Nous chargeons les 4 x 4 et sortons d’Agadès. Le désert se déroule devant nous. Il fait chaud, il y a un peu de vent.  Le sable pique les yeux. Sur la terert (bol en émail) d’eau une fine pellicule de sable et  la  nourriture craque sous la  dent.

Alors que nous sommes à peine partis, les conversations tournent déjà autour du retour, les cadeaux aux parents, l’exposition photographique, une manière d’éxorciser la peur.

C’est aussi les grandes résolutions, arrêter de fumer, arrêter les conneries…

A midi, arrêt dans l’oued Barghot. Déjeuner en plein air, à l’ombre d’un talla sous lequel il faut enlever les crottes de chameaux et les épines.

On s’énerve pour rien, pour le chèche qu’on a du mal à mettre, pour les mouches.

Le 11/10

 Première nuit dans le désert et aussi première réunion « d’évitement de problèmes ».

Coups de gueule et larmes de Daniel. Explications, promesses et engagements. La confiance doit se construire doucement.

Après le dîner alors que tout le monde est allé se coucher, Mickael et Vincent font du feu. le réveil a été difficile et le petit déj uner n’est pas un buffet de « club méd » servi à toute heure… on mangera mieux à midi.

Petit incident, les fromages de Témète ont disparu et l’accusation tombe sur les deux lève-tard. On fouille tous les bagages, on s’aperçoit finalement qu’ils ont été rangés ailleurs. Pas facile de changer le regard… mais le voyage  est long. Mickael est très touché, cette accusation lui fait mal, comme un personnage dont il aimerait se défaire et qui lui colle encore à la peau .

Quelques pannes de voitures, crevaisons, cardan, démarreur, suspension arrière déssoudé. Nous sommes quand même arrivé à Madet à l’heure attendue, avant la tombée de la nuit.

Les touaregs sont venus à notre rencontre, échange de salutations et nouvelles. Mickael est impressionné par les yeux d’ Abakaoua, ils lui font peur.

Daniel n’aime pas le goût de l’eau de guerba, il faudra pourtant s’y habituer.

Nous avons goûté l’orégéra, préparation à base de mil, fromage de chèvre séché et dattes pilés, le tout dilué dans de l’eau. c’est un goût qui surprend.

Déjà Daniel pense qu’il ne va pas tenir.

Bonne nuit de sommeil. Le lieu semble rassurant. Un grand rocher, quelques arbres.

Le 12/10

La matinée est consacrée à la préparation de la caravane.

C’est le départ des 4 x 4 et c’est alors seulement que le voyage commence. Nous sommes à  des  centaines de kilomètres de tout contact.

On parle de « balade à chameau »,  la prise de conscience de la réalité risque de faire mal. Au bout de la première heure de marche, Daniel fait sa première crise. Epilepsie, angoisse ?

Nous sommes obligé de l’attacher au chameau, ici, rien ne peut plus arrêter la caravane, il faut atteindre les pâturages et le point d’eau dans les délais prévu.

Le 13/10

La nuit a été calme et le ciel étoilé, une belle récompense. On fait des vœux secrets en regardant les étoiles  filantes. A midi, nous avons monté l’Akom, un tente nomade en peau, seule ombre possible dans le Ténéré.

L’orégéra à un goût un peu fermenté. C’est à cause du mil conservé dans les sacs de plastique.

Chemma nous prépare une pâte sans mil, plus sucrée. Si le goût surprend, il ne dégoûte personne.

Le matin, les pilons nous réveillent. Les nomades pilent le mil et préparent l’orégéra que l’on dilue dans l’eau à l’heure de la pause .

Parfois les nomades crachent du tabac chiqué dans la  bouche du chameau, c’est  pour  faire sortir les vers qu’ils ont dans les narines et qui les gênent.

Ce matin, nous sommes partis de bonne heure, pour éviter la chaleur. Les heures de marche nous ont paru longues, interminables. Au début c’est facile, on part d’un bon pied, puis la chaleur plombe, on craque un peu, les gourdes se vident. La dernière heure de la matinée est la plus difficile. Pourtant nous nous sommes arrêtés un peu plus tôt,  à cause de Daniel, chargé comme un paquet sur le chameau. Parfois  il pleure, appelle  sa  mère.  Il enchaîne les crises pour éviter la marche et le travail, pour éviter d’affronter cette réalité qui lui fait trop peur. C’est trop loin, trop grand.

Tout le monde a soif, mais l’eau fraîche des guerbas ne sera distribuée qu’après le montage de l’akom. Parfois après le repas, quelques touareg viennent aussi partager l’ombre. Mickael a mal à la tête, mais il ne fait pas la tête .

Les oiseaux accompagnent la caravane, c’est une belle aubaine, il y a boire et à manger. Ils voyagent sur les chameaux. A un moment, un s’est même posé sur le chèche de Vincent.

Le soir, les chameaux sont rassemblés autour du camp. Il n’y a aucun pâturage et ils mangent la paille qu’ ils ont  porté sur leur dos.

 

Le 14/10

Nous avons marché la nuit, Daniel toujours attaché au chameau, Mickael est monté sur Eleki, c’est à dire sur  les bagages. Les autres ont marché ; Charly en trainant beaucoup des pieds et en poussant  de grands  soupirs  pour  bien faire entendre son ras le bol, mais il n’y a pas d’autre choix que celui d’avancer jusqu’à ce que Jean-Claude plante son bâton à l’emplacement du foyer.

Et là, pas de repos, il faut décharger les chameaux, trouver son duvet et ses affaires dans le noir, installer son camp, préparer le feu et le repas.

Ce matin, marche en direction de Tagueït.

Charly montre sa colère, mais il ne sait pas pourquoi.

Hier, il y a eu une grande réunion avec toute l’équipe de touareg, présentations, rappels des règles qui régiront la caravane.

La takouba, l’épée que portent certains touareg, interpelle la curiosité de Mickael.

Notre consommation d’eau est trop importante, une corvée s’impose. Quelques hommes et des chameaux partiront en avant pour ramener des réserves et faire boire les chameaux. Charly se joindra à eux.

Les bâts son remplis de vieilles crottes de chameaux. Dans le désert tout est utilisé. Il y a peu d’apport extérieur. Tous les jours à midi, c’est le rituel des trois  thés apportés par Irham.

Bachar, lui, matin et midi, prépare une tisane destinée à prévenir ou soigner les dérèglements intestinaux, les coups de chaleur, le manque d’appétit, les petits malheurs de voyage. Son goût, toujours différent, nous enchante. Lorsque nous voyons arriver avec sa petite théière blanche et son verre unique, tous les corps se relèvent, en attente. On se passe le verre. Les adultes en premier, puis les jeunes.

Peu à peu, les échanges commencent avec les Touareg. Des questions. Daniel fait la promesse de tenir jusqu’au bout. Charly et Vincent commencent à s’occuper de leur chameau.

On pose des questions sur l’Ardèche, le retour.

On apprécie l’ombre de l’akom, lieu où l’on se retrouve tous, mais où il faut apprendre à respecter l’espace et la tranquillité de l’autre.

 

Le 16/10

Je suis parti à la corvée d’eau, il y avait 4 chameliers : Boubacar, Iram, Abdelkrim et Arali, et 17 chameaux.

En partant j’étais inquiet. Ils parlent peu le français, je pensais  que ça allait être difficile  de  rentrer  dans leur groupe. Au fur et à mesure qu’on avançait sur nos chameaux ils ont commencé à me parler. Cela m’a fait réagir, je trouvai ça bizarre que des gens d’un autre pays, d’une autre culture puissent s’intéresser à moi. J’étais content.

Nous sommes arrivés avant le coucher du soleil. J’ai aidé à décharger. Avec Iram j’ai pris les guerbas vides et nous sommes allés les remplir. Il y a un grand arbre en arrivant, puis un premier  point d’eau contre le rocher. A côté, un autre plus petit. Et puis un troisième beaucoup plus grand. Une fois les guerbas remplies, nous avons rechargé les chameaux et nous sommes repartis, il commençait déjà à faire nuit. Boubacar a décidé de s’arrêter là où il y avait un arbre pour accrocher les guerbas. J’ai mis mon matelas à côté de leur feu. Ils ont fait à manger, j’ai regardé faire la taguela, le pain que l’on cuit dans le sable puis que l’on casse dans une sauce. J’ai bu  les trois  thés. Boubacar  m’a  donné des dattes. On a mangé tous ensemble, dans le même plat.

J’ai eu du mal à m’endormir.. J’ai pensé que j’avais beaucoup de chance d’être là, avec ces gens là.

Le matin je me suis réveillée, ils faisaient la prière. Pour eux c’est important. Quand on est avec eux, il faut tout observer. On a déjeuné, ils ont refait de la taguela, ça surprend de manger ça le matin.

Abelkrim, Boubacar et Arali sont partis chercher les chameaux. Moi, j’ai aidé Iram à tout ranger.

On a discuté un peu, de géographie, du climat, on a écrit nos noms sur le sable,  je lui ai parlé de ma  famille. Lorsque les chameaux sont arrivés, on a chargé, j’ai sellé mon chameau. Iram a rempli ma gourde.

On a traversé une grande étendue de sable et puis tout à coup on tombe dans la verdure. On passe très vite de l’un à l’autre. Nous avons traversé un champ  de  coloquintes sèches,  c’était  marrant  quand  les  chameaux  marchaient dessus.

Pendant ce temps avant le retour de la corvée d’eau, avec Maximilien, Jean-Pierre et Jean-Claude, Vincent et Mickael sont allés voir les gravures préhistoriques : des girafes, des bufles. Vincent trouve que ça fait  bizarre parce qu’on ne sait pas qui l’a fait. Ca vient de loin.

Daniel continue ses crises. Tout le monde pense: de fausses crises. Des vraies crises qui l’empêchent d’affronter la réalité, sa peur, son manque de confiance. Une façon de se protéger.

Le soir, nous sommes arrivé à Anakom. De nouvelles gravures. Daniel est resté au camp. Il  a quand  même aidé un peu Baye à la cuisine.

 

Le 17/10

Nous prenons la direction de Torguit. Daniel, toujours attaché sur un chameau est tombé sur la grande pente de sable. Pas de mal, beaucoup de peur, une peur qui lui a donné l’énergie pour marcher. Il est parti tout seul avec Jean-Claude, face au grand désert.

A l’arrivée il a un peu de mal à respirer, ses poumons lui brûlent.

Au cours d’une résolution de problème, nous lui disons que nous savons ses crises  simulées.  Que le véritable  danger est de rester attaché, qu’il n’y a aucun moyen d’échapper au voyage. Daniel dit qu’il va  faire  un  effort,  qu’il  va vraiment essayer d’y arriver, il voudrait tellement que son père soit fier de lui.

Nous partons en direction d’Agamgam, le premier point d’eau, où nous établirons le camp pour deux nuits.

Très tôt le matin, Charly, Vincent et Mickael, sont partis chercher les chameaux en suivant leurs traces dans le sable. C’était loin, il leur a fallu plus de deux heures pour les ramener. De retour au camp, chargement de tous les jerricans vides et des guerbas en direction du point d’eau.

A une demie heure de marche du camp, les touareg ont  creusé  deux  trous desquels est apparue  de l’eau.  C’est ce qu’ils appellent un erès. Un  trou servira  à  remplir les réserves  d’eau, l’autre pour  abreuver les chameaux. Dans  un trou creusé dans le sable ils étendent une bâche dans laquelle est versée l’eau.

C’est une étrange spectacle que celui où l’on reconstitue les réserves d’eau. Tout le monde est actif, il y a une animation.

Daniel nous a accompagnés, il a bien marché. Il observe la scène, qu’il commente. On ressent  de  l’angoisse  dans sa  prise de conscience de la fragilité de la vie au désert. Vincent est émerveillé de tout ce qu’il découvre. Mickael donne l’impression d’être plus blasé, étonné de rien. Charly oscille entre curiosité, euphorie et moments où il veut donner l’impression que plus rien ne l’intéresse.

Baye nous accompagnée avec tout ce qu’il faut pour préparer le repas : de la farine, un peu  de sel, 2 oignons,  des dattes, du sucre et du thé. Il prépare une taguela.

Tout le monde est parti se laver, caché derrière quelques rochers et de la  végétation. On  fait aussi  un  peu de  lessive. La dernière douche remonte à Agadès.

Nous partons visiter la grande guelta d’Agamgam.

C’est la surprise. On ne s’attend pas à trouver une si grande réserve d’eau au pied des rochers. Elle est limpide, très fraîche. On entend le bruit de l’eau qui clapote. Tout résonne. C’est très beau.

A cet endroit il y a toujours des vipères. D’ailleurs Jeau-Claude nous montre des traces. La nuit, nous avons entendu le chacal mais Témète a vaillamment défendu le camp.

Au matin, Daniel semble aller mieux. Il prend conscience que sa peur l’empêche de vivre des moments privilégiés. Il prend la résolution de changer, de se comporter autrement, d’apprendre à faire confiance.

Charly est très énervé, on voit ses traces s’enfoncer avec rage dans le sable.

 

Le 20/10

Daniel s’est fait adopter par le docteur Bachar qui prend maintenant soin de lui. Il est accueilli à son camp, dort près de son feu, se mêle au bruit de leurs conversations. Bachar lui prépare des tisanes, des bouillies pour lui redonner de l’appétit, lui faire reprendre des forces.

Aujourd’hui, Daniel a marché. A midi nous avons mangé à Tafagrit. Il a peu d’arbres mais le pâturage pour les chameaux est bon.

Il y a un peu de vent. On dit que le vent rend fou les hommes, peut-être c’est valable aussi pour les animaux car Témète a eu peur du tissu qui flottait au vent et a chiqué la main de Mickael, sans gravité.

Après le repas, nous avons fait le bilan. Positif pour tous, mais Rita n’est jamais contente, toujours en avance de deux progrès, elle donne les conseils pour continuer les changements.

Nous sommes arrivés le soir au camp de Tessa n’ Taggart. Après la traversée d’un grand plateau nous sommes arrivés aux dunes. Nous avons observé un magnifque lever de lune.

Après le dîner, Mickael et Vincent sont montés tout en haut d’une dune. De là-haut, ils voyaient, les feux,  tout petits.  On ne distinguait rien d’autre. Les trois feux des nomades, et le notre.

 

Le 21/10

Daniel, calé entre Jean-Claude et Rita, avance tranquillement, d’un pas de plus en plus assuré. On s’arrête souvent en haut des côtes, tout à la fois pour reprendre le souffle et regarder le paysage. Nous traversons  un  grand  désert de pierres noires. C’est assez difficile, car il faut regarder sans cesse où l’on met les pieds. On avance, le regard rivé à ses pas.

Ce matin Vincent est parti très tôt avec Boubacar pour chercher les chameaux, avant même de boire son thé.

A midi, arrivés au campement d’Arakao, nous croisons un campement. Il y a deux chiens. A notre arrivée la femme était seule, ses fils étaient partis vendre des chèvres à Afassas.

Nous avons acheté deux chèvres. Rita a exigé que ceux qui veulent en manger doivent participer au rituel de la mort. Tous sont allés avec Baye au campement et ont ramené les deux victimes au camp. Vincent a porté la maguette a chèvre (en dialecte du nord) dans les bras parce qu’elle refusait d’avancer. Mais au  moment de tuer la bête, seuls  Daniel et Mickael ont assisté à l’égorgement.

Charly a fait une grande crise, préférant l’hypocrisie de la viande de supermarché, et refuse de savoir que le bifteck emballé vient de la mort de la bête . Il a même été jusqu’à nous accuser de barbares.

 

Le 22/10

Nous sommes partis pour une journée pédestre. La caravane a pris un autre chemin. Daniel  est resté avec la caravane.

Iram nous accompagnait. Nous avons apporté le casse-croûte  pour midi, nos gourdes  pleines, une guerba de 20 litres et un bidon de 3 litres.

Nous avons visité les gravures de l’Arakao. Vincent montre une grande curiosité et un bon  sens de  l’observation. Il aime découvrir. Il a surtout aimé la gravure de l’homme qui touchait la girafe.

Témète à profité d’un moment d’inattention de notre part pour repartir vers le campement. Pas folle, elle sait qu’avec les chameaux il y a le sac à viande, les matelas et Boubacar.

A tour de rôle chacun porte la guerba sur le dos.

Avant de trouver la grotte, nous avons longé les dunes puis marché sur des cailloux. Nous nous sommes arrêtés quelques instants à l’ombre d’un grand rocher en équilibre.

Notre déjeuner est frugal, un morceau de taguela, des oignons, quelques cacahuètes, des dattes, du  fromage  très sec qui accompagne le thé. Charly râle, il trouve cela écoeurant.

Pourtant, est-ce la frugalité du repas, le paysage mais, pour la première fois, Charly réussit à faire la sieste, pour le bonheur de nous tous.

L’après midi, nous repartons. Nous attaquons progressivement la grande dune, Charly aimerait  courir  dans  tous les sens et il trépigne de devoir suivre au pas le guide. Nous montons en zig-zag. Du haut de la grande dune, tout en bas, tout petit, on aperçoit notre campement de Tchin-n’-Taborak. Les chameaux  sont dispersés au pâturage. Après avoir  un moment regardé le paysage qui s’étend jusqu’au Ténéré, Jean-Claude permet à tout le monde de descendre librement, la seule consigne restant de ne pas sauter ni courir,  ce que tout le monde a respecté, sauf Charly.

Au camp, Daniel nous attend, il a préparé tout seul le repas. Chacun installe son bivouac avant de préparer le feu et d’étaler les tapis tout autour. Attention, il faut toujours faire attention d’où vient le vent.

Le soir après le repas, résolution de problème, à l’ordre du jour, les règles de sécurité. Ici, une entorse, une fracture peut devenir un véritable problème. Il faut plus de 8 jours pour atteindre le premier secours. Rester immobile en attendant les secours est impossible à cause de l’eau.

 

Le 23/10

Nous suivons la piste en direction de Téouak. A midi, nous retrouvons l’arbre sous lequel nous avons, de session en session, l’habitude nous arrêter. Les groupes précédents l’ont nettoyé pour en faire une ombre bien confortable.

L’après midi, oued Takarit. Le soir, nous ne trouvons qu’un petit bivouac, très argileux mais suffisamment près de la guelta.

 

Le 24/10

Matinée à la guelta de Takarit. Ici, comme à Agamgam, on se laisse surprendre par le clapotement de l’eau.

C’est aussi le paradis des vipères, nous en avons tué une et vu de nombreuses traces, parfois tout près des endroits où nous étions installés.

A la guelta tout le monde a pu se laver et faire une grande lessive. Les vêtements sont séchés sur les rochers brûlants. Dès l’arrivée des chameaux, c’est la corvée d’abreuvage et le remplissage des jerricans et guerbas.

Ils ont rempli un grand fût en tôle, où les chameaux sont venus boire. Vincent a reçu un coup de patte d’un chameau. Maximilien a pris beaucoup de photos.

Juste avant le départ, Daniel a poussé un véritablement hurlement en s’arrachant la poitrine. Il crie qu’il vient de se faire mordre  par une vipère mais ça n’est qu’un minuscule  lézard, complètement  affolé. Peur et éclats de rire. Réunion d’évitements de problèmes : réorganisation, être prêt au bon moment, en effet, sitôt après le troisième thé, le camp qui sommeille s’active mais là il faut se chausser, remettre le chèche et les Touareg sont déjà loin pour aller chercher les chameaux.

L’après-midi, nous avons marché jusqu’à la nuit, nous voulions arriver au campement d’Arali, le fils d’Abakoua. Lui-même ne savait pas exactement où s’était installé le campement. Tout le monde monte, sauf  Charly qui boude encore; en effet, malgré de multiples avertissements, explications et mises en  garde, Charly s’est  encore enroulé  avec la corde du chameau. En cas d’affolement de la caravane, le chameau pourait le traîner, le piétiner  avant  même  qu’il ait réussi à se détacher. Mais Charly essaie toujours de négocier avec la loi et, cette fois, Rita était très en colère. Il se sent persécuté mais pourquoi fait-il toujours ce qui n’est pas à faire?

On est arrivé de nuit, on ne voyait rien, il n’y avait pas de lune. De loin,  nous avons aperçu les feux. Décharger, délier les nœuds des bagages et retrouver ses affaires en pleine nuit n’est pas une chose facile. Tout le  monde  est  assez fatigué.

 

Le 25/10

Nous découvrons le camp au réveil, on ne soupçonnait  pas  tellement de végétation. Il commence  à faire froid et on  se serre autour du feu, les couvertures sur les épaules.

Le vieux Ibrahim, qui a les yeux rouges, est venu nous saluer. Il est un peu impressionnant et le rituel des salutations étonne les jeunes. Les femmes aussi sont venues nous rendre visite. Elles se sont accroupies autour des bagages, elles observent. Un à un, les hommes de la caravane viennent les saluer et échanger les nouvelles.

Bachar explique aux jeunes le rituel des salutations qui durent, on demande des nouvelles de tous, des troupeaux, des pâturages. Cela peut prendre un certain temps.

Ce matin, personne n’est monté à part Maximilien, même pas Daniel qui commence  à apprécier la marche. D’ailleurs, il marche maintenant à l’avant de la caravane.

A midi, nous arrivons à Issaouane, c’est un grand pâturage. On s’installe pour  l’après-midi car il  faut  préparer le voyage du lendemain, l’entrée dans l’Erg Izane, le jardin de Rita. Il y a de la curiosité, mêlée pour certains à un peu d’inquiétude.

Avec les Touareg, Jean-Claude prépare le programme des jours à venir.

Après la sieste et le troisième thé, Charly et Mickael sont allés avec Baye, Iram et Arali chercher du bois. En portant son fardeau, Mickael a fait l’extraordinaire découverte que les biceps gonflent. Tout en travaillant, on  plaisante, on  échange.

Vincent est allé chercher les réserves de nourriture pour les chameaux. Ils ont arraché l’alouette pour en faire de grands ballots, ça pique les mains et c’est rempli d’insectes.

« Rita me crie dessus et ça me fait penser à ma mère quand je faisais des conneries, cela me fait pleurer », écrit Charly

 

Le 27/10

Vincent est allé chercher les ballots avec les chameaux. Lorsqu’il rentre au camp, les autres étaient partis.

Cette nuit Abdallah avait déposé du ravitaillement. Quelques légumes frais, des fruits, et du mil qui n’avait pas fermenté.

Les anciens sont partis en avant, la suite de la caravane a perdu les traces et c’est Jean-Claude qui a ramené la caravane à la meilleure ombre repérée où Jean-Pierre, Maximilien et Rita attendaient au milieu d’un véritable pays de ramfous (scarabées noirs)

Nous déjeunons sous les derniers arbres de l’oued, devant nous s’ouvre le désert de dunes.  Les jeunes ont déchargé les chameaux, aidé les chameliers et nettoyé la place où nous allons  nous installer pour manger et nous reposer. Avec le râteau, il faut enlever les crottes et les épines.

Mickael reste toujours collé à Vincent. A midi, nous mangeons du couscous. Comme toujours, il y a trois plats. Nous mangeons avec des cuillères en bois. Nous avons nos habitudes, Charly mange souvent avec Jean-Pierre et Maximilien, il a trouvé la bonne place car ils ne mangent pas les morceaux de viande séchées destinées à donner du goût, et il mange leur part. Mickael et Vincent mangent ensemble, Daniel est entre Jean-Claude et Rita.

Départ vers les dunes. Nous avons marché. La caravane avance dans le sable. C’est  seulement  vers  la  fin  de  la journée que nous avons commencé à monter les dunes, c’est parfois vertigineux.

Le  soir, les chameaux sont barraqués tout autour du camp. On étale devant eux la  nourriture. Arali a appris à Mickael à entraver les chameaux.

C’est un beau bivouac. Lorsqu’on est tout en haut, on domine tout le paysage, des dunes.

Charly et Mickael auraient aimé installer leur matelas tout en haut mais les chameliers leur ont demandé de descendre pour ne pas effrayer les chameaux.

Nous avons peu de bois, juste ce qu’il faut de réserve. Aussi, on  prépare le feu au dernier  moment, lorsque le repas est prêt.

Ce soir, Vincent a été invité à boire le thé au feu de Boubacar. La petite apréhension est vite  passée. Boubacar a chanté, Jean-Pierre l’a enregistré. Le chant est doux, c’est le seul nomade qui chante dans la caravane, de temps en temps, on ne sait pas pourquoi, c’est lui qui décide.

Après le repas, tout le monde est parti se coucher. Vincent a récupérer les braises de notre feu pour les donner aux Touareg. Ici, jamais rien ne doit se perdre. C’est le pays de l’économie.

Formidable, dans cette partie du voyage on peut marcher pied nus sans craindre les épines. Le sable est doux sous la plante des pieds. Il est fin, il glisse.

Pour le bivouac ce n’est pas l’idéal, on veut faire vite sans faire attention à la pente, au vent. Aussi, le matin, Vincent a mal au dos.

 

Le 27/10

C’est dimanche aujourd’hui mais, ici, ça ne veut plus rien dire.

Baye a préparée la bouillie de mil au petit déjeuner. D’avis général ça a un goût naturel. Nous nous sommes levés avant le soleil. Jean-Pierre, qui aime les précisions, nous dira qu’il était 5h45.

Ici, on se couche de bonne heure. Vincent précise que cela évite de faire bétises car c’est souvent le soir, avec l’ennui, qu’on se laisse entraîner.

Lorsqu’on se réveille, on ne voit que des dunes, c’est très beau.

En marchant, on pense, on regarde le paysages, parfois on échange quelques mots, on ramasse un caillou, une fulgurite, une plume d’oiseau.

Il fait assez chaud mais un petit vent frais rend la marche supportable. Le sable ici est très propre, aucune trace.

Témète joue dans les dunes, elle court, disparaît, regarde la caravane passer puis reprend sa place.

Nous nous arrêtons tout en haut d’une dune, les Touareg disent qu’on s’installe dans le camp des oiseaux. Très vite, on installe l’akom qu’on est content de retrouver. A nouveau, plus aucune ombre naturelle.

Vincent commence à aimer cette vie, Daniel s’y fait mais Charly, lui, est très colère, Rita n’est vraiment jamais contente et trouve toujours quelque chose à redire. Bon, c’est vrai qu’au lieu de monter la tente avec les autres, il rangeait ses petites affaires, alors il n’a pas apprécié la remarque, juste un rappel que le collectif devait toujours passer avant le personnel. Alors, de rage, il pose un peu trop fort au goût de Jean-Claude le jerrican. Très vite, ça s’enchaîne. Il pète les plombs, se sent persécuté, traite Jean-Pierre sans raisons. Dans ces cas, on ne  rejoint l’espace collectif qu’après avoir fait des excuses… mais pas facile de dire pardon. Il n’a pas mangé, est resté au soleil au risque d’attraper une insolation. Nous, sous la tente, avons un bon air, une bonne eau fraîche, une nourriture simple mais savoureuse. Quelques Touareg viennent partager notre ombre.

Maximilien, qui a retrouvé sa forme, mitraille de photos.

Mickael prend conscience que c’est l’ennui qui pousse à faire des bêtises.

Le soir, résolution de problèmes au sujet de Charly. Les notions de respect sont ici plus importantes qu’ailleurs. Après le re,as, Rita , Jean-Pierre et Mickael sont allés au feu d’Abakaoua et son fils Arali mener l’enquète sur les Azaouak. Cela a duré longtemps, le chien est important pour les nomades.

Mickael a accepté d’écrire le journal. Finalement, c’est un moment que l’on recherche.  Parfois, la fatigue nous empêche d’écrire. A midi, nous nous endormons et les thés arrivent plus vite que le repos.

Nous avons eu du vent de sable. Jean-Claude dit que ça n’est rien mais ça affole quand même un peu tout le monde. Maintenant, les chameaux n’ont plus rien à manger. A midi, il y avait trop de vent (ah, quand même) et Jean-Claude préfère ne pas monter la tente. On se fait des abris de fortune, certains sont très astucieux, de petites  tentes individuelles.

 

Le 28/11

 C‘est la dernière fois qu’on la montera, l’akom. Maximilien a fait beaucoup de photos. Ensuite, nous retrouverons la végétation et toujours l’ombre d’un arbre ou d’un rocher pour nous abriter du soleil.

Le matin, Vincent a fait de la paille avec les Touareg à un emplacement où Jean-Claude avait  repéré, le voyage précédent, un pâturage.

Nous sommes passés sur les camps précédents, il restait les résidus du feu, les crottes des chameaux, parfois un peu de paille.

Le soir, nous nous sommes arrêtés avant la dune nommée « la dune de Pierra » parce que c’est là qu’au cours d’un voyage précédent, ils avaient rencontré Piero avec un groupe de touristes.

La nuit commençait à tomber, c’était prendre des risques inutiles pour les chameaux.

Daniel a installé son bivouac dans la cuisine. il s’en est fait virer par Rita (vraiment jamais contente). Il a un peu râlé mais, dès le matin, avec le sourire du bonjour, il s’est excusé.

 

Le 29/11

Nous devons arriver aux arbres de Faris. L’après midi, nous sommes repartis jusqu’au lieu-dit la crinière de l’âne.

Tout de suite après le déjeuner, Vincent est parti à la corvée d’eau au puits de Tazza. Il tirait la corde et remplissait le fût pour faire boire les chameaux.

 

Le 30/11

Nous avons laissé la caravane et sommes partis à pied. Cette fois, Daniel est resté avec  nous. La  marche  ne lui pose plus aucun problème. Il vient de réussir l’épreuve du jardin de Rita et il en est très content.

Pourtant, aujourd’hui, il a refait une petite crise d’angoisse, cela faisait longtemps. Il a entendu dire que Jean-Claude et Rita allaient partir quelques jours avant et peut-être a-t-il pensé qu’il partiraient tout de suite. En  voyage,  il  faut toujours se méfier de radio-expédition et des bruits déformés.

Nous avons pu observer beaucoup de traces de lièvres, de gazelles, de mouflons.

A l’occasion de gestes désordonnés et d’une attitude bruyante de Mickael et Charly, Jean-Claude explique la « Caïdat »: Dans le désert, il est important de laisser le moins de traces possible pour ne pas se faire repérer.

A midi, nous sommes arrivés à la guelta de Takaloukouzet. Ca fait comme une grande piscine. Rita et Jean-Claude n’ont pas voulu qu’on descende car il était déjà midi.

Au camp, la caravane était déjà installée et Baye avait déjà préparé le repas. Kalakoa, un Touareg qui habite dans les parages, est venu nous saluer.

Nous avons trouvé les premiers abesguines, les arbres à brosse-à-dent touareg. L’après-midi, nous sommes arrivés au camp d’Ifazane.

Mickael et Vincent sont partis à la guelta remplir les guerbas. Les chameaux sont allés boire, un a failli glisser. Il y a deux belles gueltas avec beaucoup de roseaux.

Le soir avec Charly, nous sommes allés interroger les nomades autour du feu d’Ibrahim, au sujet des lévriers touaregs. Lorsque nous demandons si Témète est bien un Azaouak, tout le monde s’écrie que non, elle, c’est un Aménokal. Ces échanges sont toujours animés. Boubacar connaît beaucoup d’histoires  sur les chiens et l’assemblée  semble apprécier ces veillées.

 

Le 31/11

Daniel n’est pas content ce matin, il ne veut pas venir à la guelta. Michael et Vincent découvrent qu’il ne prend pas ses médicaments, même pas la savarine.

Le matin, Jean-Claude trie le matériel. En effet, nous allons séparer la caravane aujourd’hui car nous attaquons la montagne. Nous partons à la guelta avec Boubacar. Sur la piste, il fait fuir une couleuvre, bien sûr personne ne l’avait vue. A la guelta, Maximilien et Jean-Pierre ont fait leur lessive et leur toilette. Ils ont vu des canards, leur arrivée les a fait fuir.

Derrière les rochers, à un endroit idéal pour faire la toilette, Vincent découvre un autre serpent, vipère ou couleuvre ? Ell,e a vite filée mais Charly la retrouve. Abdelkrim, en toute prudence met le feu au buisson où elle s’est peut-être réfugiée.

Grande toilette et lessive. Chacun a ramené sur le dos une grosse guerba remplie d’eau, certaines peuvent atteindre 30 kilos.

A midi, au menu, de la taguela. C’est un repas apprécié de tout le monde. Les menus sont répétitifs, riz, pâtes, couscous, taguela et parfois boule de maïs à la sauce gambo ou  méloukhia. Ce dernier  mets est moins  apprécié que les autres.

Après le repas, la caravane se partage. Ahmed, Abakaoua, les deux Arali, Iram et Boubacar sont partis. Ibrahim, du jardin de Zakkat, est parti faire le nécessaire pour nous accueillir. De notre côté, nous continuerons le voyage avec seulement 13 chameaux, Bachar, Ibra, Sidi qui est le guide des Tamgak, Abdelkrim, Chemma et bien sûr Baye.

Nous attaquons la montagne. Fini le sable. Nous avons marché une petite heure dans les  «briques»,  comme  dit Vincent qui vient du Nord.

Nous nous arrêtons à l’amphithéâtre, c’est un petit bivouac de montagne, très serré.

Résolution de problème, aujourd’hui c’est Daniel qui est au centre. Rita raconte l’histoire des trois petits cochons. La discussion déborde sur le thème du respect et de la  place de chacun, différente selon son âge, sa position sociale etc… Mickael a beaucoup de mal à comprendre et la discussion est très animée. Mais cela reste une soirée intéressante, d’échanges forts et vrais.

Le 01/11

Nous avons rencontré un homme ce matin. Nous avons passé un premier col, Rita et Jean-Claude sont passés par l’oued mais cette piste n’est pas accessible pour les chameaux. Nous les avons retrouvés au camp de midi. Non loin, il y avait un érès où nous avons été remplir les guerbas. Nous n’avons plus de réserve maintenant,  seulement  les guerbas pour la consommation quotidienne.

A l’érès, nous avons rencontré une jeune fille avec des ânes. Tout le monde a pu remarquer sa beauté.

A midi nous avons mangé du couscous, ça change des pâtes et du riz. C’est du couscous préparé par les femmes d’Iférouane.

Il y a un campement pas très loin. Les enfants s’approchent, leur père a rejoint les hommes. Il y a des chèvres, des ânes et même un chien. Nous décidons d’acheter un mouton. L’homme nous le ramènera au camp du soir. Les étapes maintenant sont moins longues mais les pistes sont parfois difficiles pour les chameaux chargés, il ne faut pas forcer.

Cette fois Charly, va aider Chemma à tuer à la bête. Il dit qu’il a réfléchi. Tous vont aider sauf Vincent à qui Rita interdit donc de manger la viande. Daniel, qui n’avait pas été choqué la première fois, est plus ébranlé.

Mickael et Vincent, qui avaient réussi à prendre un peu d’indépendance l’un vis à vis de l’autre, régressent. Ils font aussi moins d’efforts, juste le minimum. A nouveau, ils installent leur couchage ensemble et s’excluent du reste du groupe.

Rita décide de changer les habitudes des repas. Vincent mangera avec elle et Jean-Claude. Charly rejoindra Mickael et Daniel. Daniel boude un peu mais tout le monde comprend que Rita veut bien surveiller Vincent pour qu’il ne mange pas de viande.

 

Le 02/11

Ascension du grand col. C’est un  passage très dangereux  pour les chameaux.  C’est un véritable escalier. Vincent a fait tomber un chameau et Chemma est un peu en colère. Nous arrivons le soir à Enrard. Le  jardin est  très vert, presque une pelouse. Comme tous les jours et parfois deux fois par jour, à peine les chameaux déchargés, il faut faire de l’eau. Depuis quelques jours, Mickael essaye sinon d’esquiver, du moins de choisir la plus petite guerba. A leur retour, elle paraît si petite avec sa grande taille qu’on dirait qu’il porte un sac de bonne femme.

Un bon feu a été préparé. Les nuits sont fraîches et il fait bon se réchauffer autour des flammes. Le soir, le feu sert aussi de lumière pour le dîner.

Daniel s’est arrêté de fumer. Mickael et Charly ont essayé mais n’y sont par parvenus.

C’est un endroit paisible, on entend les grillons et beaucoup d’oiseaux. Il y a de grands et beaux arbres, des acacias en fleurs.

 

04/11

Le carnet est parfois délaissé, pourtant on y pense souvent . Nous avons changé de  rythme, nous avons  pris celui imposé par la montagne

Il faut être attentif aux bagages, au passage.

Ce matin nous avons pris la piste qui monte à Zakkat. Nous reprenons les traces du voyage précédent. Trois chameaux sauvages nous suivent.

Charly accepte de rédiger le carnet de bord mais ça n’est pas facile, tout le monde parle en même temps, ça va vite, il faut chercher les mots.

Comme à chaque fois Mickael dort pendant la rédaction du carnet de bord, ou du moins fait semblant car il ouvre un œil dès qu’on parle de lui. Il se redresse, participe à sa manière, sans démonstration particulière.

Comme tous les jours, nous avons rempli les guerbas. Maintenant c’est la montagne, du caillou toujours.

Témète à couru derrière deux gazelles. Lorsque Témète a rejoint la caravane, elle avait les quatre pattes blessées, Jean-Claude à décidé de s’arrêter un peu plus loin. Comme chaque soir depuis que nous sommes en montagne et que nous n’avons pas transporté sa cage, Jean-Claude lui dresse une tente digne d’une princesse.

Vincent et Charly sont partis à la guelta, ils ont presque dû courir pour rejoindre Sidi. Mickael a fait du bois. Le soir, il y a eu une résolution de problème pour l’aider à mieux intégrer le rythme du voyage.

 

Le 05/11

Le matin, très tôt, au lever du jour, après la première prière, Baye prépare le feu. Daniel le rejoint pour l’aider  à préparer le petit déjeuner. Il pose d’abord la nappe sur le sable, près du feu. Il apporte le lait en  poudre, le café, le sucre, les gobelets sans oublier les petites cuillères. Baye met une grosse bouilloire d’eau sur le feu. Sauf ordre différent, il faut attendre Rita et Jean-Claude avant de pouvoir commencer à déjeuner. En attendant, Baye prépare la taguela, elle est prête lorsqu’ils arrivent, toute chaude. Il emmène ensuite la bouillie de mil, Daniel en  raffole,  les autres en mangent lorsqu’ils ont vraiment faim. On mange aussi les restes réchauffés de la veille, des pâtes, parfois même de la viande ou des abats. Au début du voyage, il y avait du miel de Tirnia mais le pot en cire d’abeille s’est cassé durant la caravane.

Pendant que nous déjeunons, Baye prépare le thé touareg et Bachar la tisane préventive ou curative, selon les jours. Depuis le premier jour, Jean-Pierre prend une photo du groupe au petit déjeuner, pour situer les lieux.

Maximilien vient juste prendre son morceau de taguela et se verser de l’eau. Pendant que nous déjeunons, il s’occupe des « bébés ». Les « bébés » sont des paquets enveloppés dans de nombreuses serpillères et tenus  toujours mouilles afin de maintenir frais leur contenu. Il y en a deux, l’un contient les pellicules de Maximilien, l’autre est une mini-pharmacie où certains médicaments fragiles sont maintenus à basse température. Régulièrement, on  veille à les mouiller avec les restes de gourde et à toujours les laisser à l’ombre.

Comme tous les matins, le deuxième thé et la tisane avalés, nous partons  chercher les chameaux. Ce matin, Vincent est parti avec Bachar. Charly et Abdelkrim sont allés jusqu’à la guelta pour les chercher, Mickael est parti tout seul rapprocher deux chameaux qui n’étaient déjà pas très loin.

Nous avons traversé un grand désert de pierre,  une succession de montées et de descentes  raides, de grandes  dalles où, à chaque moment,  hommes et chameaux risquent             de  glisser. Nous nous arrêtons vers 13 heures, ce qui est tard. Heureusement, maintenant, nous avons l’entraînement et plus personne ne se plaint, on est simplement  content d’arriver, de goûter aux joies du repos: ombre, eau fraîche, orégéra et dattes.

Nous nous sommes arrêtés près d’une guelta. Il y a peu de sable à l’ombre. Nous avons vu les premiers palmiers doum. En revenant de la guelta, Mickael et revenu avec Vincent en courant sur les rochers, la guerba sur le dos. Jean­ Claude avait demandé de suivre pas à pas Abdeldrim. Bien sûr, Rita et Jean-Claude n’étaient pas contents et comme toujours cela a donné lieu à une résolution de problème.

 

Le 07/11

Nous sommes arrivés au pied de la montagne où il y avait des grosses boules de rochers. Le passage pour aller à la guelta est très difficile. Vincent a failli tomber dans un trou.

 

Le 08/11

Nous avons tué un bouc dans l’oued Zakkat. Nous avons rencontré un campement. Michael avait continué avec la caravane tandis que Vincent et les autres étaient descendus par la gorge pour voir les gueltas. Elles étaient belles. En chemin, Vincent a cueilli des fleurs à sécher dans l’herbier et des graines pour essayer de les planter. La caravane était arrivé plus d’une heure avant nous.

 

09/11

Nous sommes arrivés à Bilai vers midi et, l’après midi, les jeunes sont allés seuls se laver en prenant les guerbas. Michael et Vincent se sont lavés plus haut que Charly et Daniel. Rita et Jean-Claude ont des observations, « comme d’habitude » précise Mickael. Vincent est moins réactif, il dit qu’il n’avait pas compris que l’eau s’infiltrait et qu’elle descendait. Le lendemain matin, Jean-Claude a repris le temps de bien expliquer et Vincent pense maintenant avoir vraiment compris. Des fois, les explications vont trop vite dans l’action, c’est tellement loin de nos habitudes. Après, chacun a rempli sa guerba et Charly les gourdes.

L’après midi, nous sommes allés voir les gueltas par le bas de l’oued, mais auparavavant Vincent et Mickael étaient  allés remplir deux guerbas. Vincent est tombé car sa sandale a glissé sur un rocher… mais est-ce qu’on n’avait pas recommandé de toujours se déplacer avec les chaussures ?

 

Le 10/11

Nous avons passé la matinée à Bilai. Ibra est reparti rechercher la couverture de Témète oubliée au camp de la veille. La couverture verte de Témète est très importante, c’est là qu’elle mange depuis toujours ses os. Privée de sa couverture, elle s’installe sur n’importe quel matelas car il n’est pas question de ronger les os ou manger de la viande par terre.

Nous avons passé la matinée au camp. Chemma, Abdelkrim, Bachar et Sidi, Vincent, Mickael et Charly sont aller arranger la piste que nous devrons prendre l’après midi. Jean-Claude est venu les rejoindre avec Maximilien pour qu’il puisse faire des photos du chantier.

Nous sommes repartis très tôt dans l’après-midi sur la piste reparée qui surplombait plusieurs gueltas.

 

Le 11/11

Rita et Jean-Claude sont partis après le petit déjeuner. Ibrahim, du jardin de Zakkat,  était venu  les chercher  avec un âne. Ibra, Maximilien et Jean-Pierre sont partis en avant. Mickael a chargé les chameaux d’Ibra, tout seul avec Sidi. La caravane a rattrapé les anciens dans la dernière descente et ils sont arrivés dans l’oued Tamgak où les autres touareg, Abakaoua, Ahmed, Arali, Arali Aglou, Boubacar les attendaient. Quand ils nous ont vu arriver ils sont  tous venus nous accueillir .

En fin d’après midi, nous sommes repartis, nous n’avons pas beaucoup marché. Nous nous sommes arrêtés près d’un point d’eau où nous nous sommes installés.

Pendant la nuit et la soirée, le vent a soufflé fort. Vincent a été félicité par Bachat et toute l’équipe car il a construit un pare-vent en pierre pour le feu.

 

le 12/11

Après avoir écrit le carnet de bord, Mickael, Charly et Vincent sont allés se baigner, avec leur pantalon, sous la surveillance de Baye. Jean-Claude avait donné l’autorisation de se baigner dans un endroit particulier, là où l’eau n’est pas utilisée pour boire. Maximilien et Jean-Pierre ont fait quelques photos. Daniel est resté sur la rive comme l’avait demandé Rita, en raison de ses problèmes de santé. En plus, il ne sait pas nager. Après la baignade, ils sont allés se changer avant d’aller avec Arali, le fils d’Abakaoua, voir la grande guelta de Baloumate.

Nous n’avons pas vu les singes, seulement leurs crottes et leurs traces.

Sur le chemin du retour, nous avons ramassé du bois. En arrivant au camp, une femme a amené une chèvre. Charly a aidé Boubacar et Baye à la tuer. Comme il n’y avait pas d’arbre proche, Michael et Charly ont tenu les cordes tendues sur un gros rocher. La chèvre y était accrochée et Boubacar l’a dépecée. Au repas, il y a eu des brochettes de foie.

 

Le 13/ 11

Après le petit déjeuner, tout le monde a cherché le couteau de Maximilien, que Boubacar  avait utilisé la veille pour tuer la chèvre. Baye a d’abord demandé à tous les jeunes s’ils avaient vu le couteau. Comme personne ne l’avait vu, Bachat a pris la décision de faire ouvrir tous les sacs. Pendant ce temps, Iram cherchait dans le sable et, quelques minutes plus tard, en creusant légèrement, il a retrouvé le couteau. Après cet épisode un peu douloureux, le soleil est arrivé et les jeunes sont allés chercher les chameaux.

Comme d’habitude nous avons chargé et nous sommes repartis dans l’oued Tamgak, en direction du jardin de Zakkat. Sur la piste, nous avons vu des tombeaux, en fait des tumulus de pierres, puis la mosquée et des constructions, ensuite des tataram où il n’y avait personne car c’est un campement d’été. Nous nous sommes arrêtés dans un endroit où il y avait peu d’ombre et des traces d’un ancien campement. Nous n’avons pas marché longtemps et nous nous sommes arrêtés près d’une guelta, il y avait beaucoup d’ombre sous les doum et une belle vue sur les chameaux en train de boire. Nous avons mangé avant de partir, sans les chameaux, voir la grande guelta d’Enrar.

C’est Abdelkrim qui nous a accompagnés. Nous avons marché vite et en trois quarts d’heure nous avons atteint la guelta. Nous avons bu de l’eau très fraîche, mais sans exagérer pour ne pas nous rendre malades.

Le retour a été plus lent. Vincent a vu un lézard dans un tronc mort. Charly a suivi la piste des chèvres à côté de la piste des chameaux. Nous avons entendu les singes crier mais, encore une fois, nous ne les avons pas vus. Au camp, nous avons dîné de la boule de maïs. Pendant la nuit, il y a eu beaucoup de moustiques. Le soir, de l’autre côté de la guelta, un genre de marmotte nous a longtemps regardés du haut de son rocher. Nous avons cru voir un singe, mais ce n’était qu’un trou dans les rochers.

 

Le14/11

Ce matin vers 6 heures, un singe a crié. Après le déjeuner, Charly a cassé des doums avec une pierre, Bachar l’avait autorisé.

Daniel est content d’avoir réussi à dépasser les montagnes.

Après le déjeuner de midi, dernière étape de la caravane pour Zakkat.