Madjid

Une journée là-bas

Dans mon cœur, je garde un petit morceau de désert, je garde le souvenir de Bachat qui m’a accueilli dans sa famille comme si j’étais son fils. Je garde la mémoire de ses fils et de sa femme qui, elle aussi, m’a considéré comme son fils. Elle était triste quand je suis parti, moi aussi j’étais triste de revenir en France. Peut-être qu’un jour, j’irai leur dire bonjour et leur amènerais quelques cadeaux. Je me souviens quand on se réveillait le matin à quatre heures. On prenait le thé avec du fromage de chèvre, de la bouillie de mil, des dattes, de « l’orégéra ». Ils faisaient le Ramadan le matin, mangeaient avant le jeûne. Moi, je me recouchais et eux restaient éveillés pour faire la prière. Ils me réveillaient à nouveau à sept heures du matin et je reprenais un peu de thé avec du lait de chèvre. Après, on allait sortir les chèvres de l’enclos et les traire un peu. Après, nous allions moi, son fils et ses petites filles vers le puits. Mais à chaque fois, on s’arrêtait sur la route pour donner de la paille aux chevreaux, en faisant un cri pour les appeler. On criait  » Hatchiou Hou !  » Après, les guerbas et les jerricans à la main nous allions prendre de l’eau au puits. Mais avant de prendre de l’eau, nous devions en donner à tous les animaux, les chèvres, les chamelons, les chamelles, les moutons, les brebis. Pour leur donner de l’eau, on devait attacher un âne à une corde pour qu’il tire la puisette. Et la petite fille de Bachat montait sur l’âne avec son bâton et le faisait avancer jusqu’à ce que la puisette soit remontée. Après avoir donné de l’eau à tous les animaux, on remplissait les guerbas, les jerricans et nous attrapions les ânes pour les charger et monter dessus pour aller jusqu’à la maison.

La corvée d’eau achevée, nous allions chercher un peu de bois et moi, et le fils de Bachar, nous prenions une vieille couverture et le long bâton pour aller faire la paille aux chameaux. Mon chameau s’appelait Abzao. Une fois finie de le nourrir nous allions retourner à la maison avant que le soleil se couche. Une fois couché, nous attendions que les chamelles viennent nourrir leurs petits pour les traire et avoir du lait pour le soir. Nous mangions des dattes, du thé, des pâtes, de la bouille de mil. Une fois le repas fini, moi et Bachat, nous allions chez son beau-frère pour discuter un peu. Quand nous étions fatigués, nous retournions à notre campement pour dormir. Des fois, moi et Bachat, prenions des chameaux et il essayait de m’apprendre à monter sans selle. Une fois que j’ai su le faire, on partait faire des petites balades pour voir si on ne trouvait pas l’un de ses chameaux qui s’était égaré. Bachat, quand nous sommes montés à deux sur Abzao, il le faisait trotter un peu vite pour me faire peur. A midi, on descendait du chameau et Bachat lui faisait de la paille, mais on tirait à deux sur le bâton. Et quand nous trouvions des chameaux qui s’étaient égarés, nous les entravions. Bachat et moi, nous retournions au campement et je donnais, avec le fils de Bachat, à manger aux petits chamelons.

J’aimais beaucoup participer à leur vie et je m’amusais bien avec Bachar et sa famhille. Sa femme me donnait trop à manger et je me sentais bien avec eux dans le campement de Bachat.

Je ne les oublierai jamais, ni Ahmed Chaoua, le vieux chibani, il me faisait rire!

Madjid – Ardèche

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