Réhabiliter le désert

L’homme moderne est citadin. Eloigné de la nature et d’un aspect magique de la vie, il a oublié que l’être humain en est inséparable, comme en témoignent toutes les civilisations traditionnelles, même occidentales. La conscience de cette relation s’est profondément endormie dans le confort industriel du citoyen moderne, fût-il défavorisé.

Les personnes en difficulté dans les cités témoignent souvent d’une grande sensibilité qui, refoulée par l’artificiel de la vie quotidienne, se transforme en rejet ou violence. Pour lutter contre cette dérive fondamentale, le monde moderne doit faire évoluer ses mentalités vers une conception plus naturelle, plus sensible de l’univers. Une approche émotionnelle, par le contact retrouvé avec la nature, pourrait désamorcer la violence et marquer la fin d’une époque excessivement rationnelle.

L’expérience prouve que le voyage au désert, à la rencontre de la nature intacte et des hommes qui l’habitent, fortifie l’esprit et permet de mieux ouvrir le quotidien vers un horizon plus vaste, porteur d’espérance.

En cultivant les valeurs universelles de la nature, nous pouvons mettre en évidence un lien fondamental entre les hommes, suffisamment fort pour retrouver l’esprit de tolérance. La nature nous offre ainsi une ultime chance de réconcilier modernité et tradition en nous apprenant à respecter l’être humain dans toute sa diversité, condition indispensable à la cohabitation pacifique des ethnies, des religions, des idées.

A ce niveau d’analyse, une vision plus globale, plus essentielle des problèmes qui agitent notre société et la société mondiale, peut ouvrir des nouveaux chemins pour la réflexion et l’action. En application, nous présentons des projets concrets fondés sur la recherche de l’harmonie avec la nature. En cela, ils permettent l’échange avec des peuples différents, aux appartenances culturelles différentes.

Répondre à l’appel du désert et valoriser la nature intacte semble anachronique, voire provocateur par les temps actuels, dans un monde qui perd le sens même du mot « Nature ». Pourtant, à travers nos expériences personnelles, nous avons découvert que ce chemin de réflexion, fondamental, permet de progresser vers la compréhension de nombreux problèmes qui se posent au monde moderne. Pour apprendre la nature, nous avons donc choisi cette voie, bien qu’elle soit difficile à suivre quand on n’a pas marché longuement dans le désert.

 

Edmond Bernus, directeur de Recherche à I’ORSTOM Géographie – Sociétés et milieux / Henri Berron, professeur d’Université Géographie humaine / Joachim Berron, médecin Découverte de la Nature / Jean-Claude Bourgeon, guide saharien / Bernard Bro, religieux dominicain / Jean Garzoni, chercheur herpétologue / Guy Grand, inspecteur Général honoraire au Ministère de l’Education Nationale / Henri-J. Hugot, professeur d’Université Humanisme du Désert / Brigitte de Kergorlay, médecin / Jean-Louis Lévy, médecin ethno-psychiatre / Nicole de Martel, formation des Jeunes / Rodrigue Mathieu, médecine dentaire / Rita Ménard, insertion sociale et professionnelle des personnes en difficulté / Théodore Monod, membre de I’Institut / Pierre Pfeffer, directeur de Recherche au CNRS, zoologie et milieux naturels / Jean-Claude Poëncet, hygiène vétérinaire / Pierre Rabhi, agro-écologiste – expert international – écrivain / Armande Reymond, journaliste / Alain Selmersheim, relations publiques et communication / Pierre Vogt, ancien conseiller technique de l’OMS

 

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